Proposition en temps de confinement (écriture à la maison) :
Il est des villes qui font rêver. A peine y est-on entré qu'on voudrait y rester longtemps, un an,
Il est des villes qui font rêver. A peine y est-on entré qu'on voudrait y rester longtemps, un an,
deux ans, toute la vie ... Il serait une ville qu'on aurait inventée de toutes pièces, une ville de
rêve, de désir, de questionnements, de cauchemars ... A la façon d'Italo Calvino, imaginez l'une
d'entre elles, pour vous extraordinaire, de par sa situation géographique, son architecture, sa
fonction ... Vous y pénétrez, vous y marchez, les yeux et tous les autres sens grand ouverts ...
"Les anciens construisirent Valdrade sur les rives d'un lac avec des maisons aux vérandas
entassées les unes par dessus les autres et des rues hautes dont les parapets à balustres
dominent l'eau. De sorte qu'en arrivant le voyageur croit voir deux villes : l'une qui s'élève au-
dessus du lac, l'autre inversée, qui y est reflétée. Il n'existe ou n'arrive rien dans une des
Valdrade que l'autre Valdrade ne répète ... " (Italo CALVINO)
dominent l'eau. De sorte qu'en arrivant le voyageur croit voir deux villes : l'une qui s'élève au-
dessus du lac, l'autre inversée, qui y est reflétée. Il n'existe ou n'arrive rien dans une des
Valdrade que l'autre Valdrade ne répète ... " (Italo CALVINO)
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MA VILLE
D'abord, il y aurait la mer, la mer éternelle
brillante, étale
et un port, quelques plages de sables écrasées de soleil
on tournerait alors les yeux vers la ville, la ville qui serait là,
toute prête à occuper la place qui lui revient
il en partirait un canal, qui frôlerait des façades ocres
car elles seraient colorées, les façades, en opposition
au gris bleu de l'eau et au ciel changeant ...
une avenue, une autre, qui feraient tout sauf se croiser
à angle droit, une place centrale, ni trop vieille ni trop moche
pas vraiment patinée par le temps, mais avec des maisons
fin dix-neuvième voir dix-septième pour une ou deux
pour l'hôtel de ville aussi : il y aurait des coins connus, qu'on revoit
comme un cadeau
et puis renouvelés, d'autres, innombrables qui encourageraient la découverte
Des gens passeraient,
gens pas pressés, petits et grands
comme en vacances
il y aurait du lierre, des parasols, des chats rêveurs, des chiens,
sans doute un terrain de pétanque ... on cacherait
les bureaux, les centres d'activités
d'ailleurs on ne ferait qu'y passer, juste pour assurer le stricte
nécessaire
en matière
d'activité ...
Peut-être que, de temps à autre, des touristes envieux
viendraient nous visiter
nous étudier, nous déchiffrer
s'interroger sur ce qui fait une ville si douce à vivre ...
on renoncerait bien sûr à leur expliquer,
on les laisserait se passionner pour les bateaux à quais, pour les pattes
de la grue qui domine le port,
pour nos terrasses fleuries,
cette campagne qui nous entoure
ces vaches de cartes postales, ce train qui ressemble à un jouet
et qui nous dessert ...
et ces desserts qu'on passe sur des chariots
dans les nombreux restaurants où le vin coule à flots ...
ll y aurait toi, bien sûr, toi et ta robe légère, ton perpétuel sourire ...
moi, j'en suis parti il y a bien longtemps :
trop belle, cette ville,
trop belle pour être vraie !
Gérard
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Bonjour les amis terriens,
Quelques images de ma nouvelle vie.
Comme tous les matins du monde, de notre monde, de notre ville, Cybèle, le vent entre
dans ma chambre avec sa douce odeur miellée, senteurs d’éternels printemps.
Massée sur un gigantesque nuage, Cybèle vogue doucement aujourd’hui au-dessus de la
terre. J’en profite pour partir en balade, car notre cumulus de 1000 hectares n’est pas
toujours calme.
J’adore admirer les maisons colorées aux structures souples, construites sur pilotis
rétractables, elles s’adaptent aux mouvements de l’environnement, au vent qui souffle et
nous transporte.
« Bon flottement Julien », c’est notre bonjour !
En effet, le sol ne ressemble en rien à votre bitume ou à la terre, nous marchons sur du
mou/ferme ou tendre/dur … inutile de préciser que notre colonne vertébrale est en excellent
état dans ces conditions.
Les arbres, arbustes, fleurs et légumes s’épanouissent sur du Sphaigne, pas de pluie ici,
les différences de température à la tombée du jour créent une brumisation bienfaisante et
suffisante pour alimenter la nature et la population en eau.
Le climat doux sans être chaud nous permet d’être peu vêtu, donc peu de besoin en tous
genres. La pollution atmosphérique ? Nous avons tendance à oublier la signification du mot,
aucune production polluante dans la ville. Sans aucune contrainte les besoins sont allés
vers l’essentiel, manger sain et échanger, écouter l’autre, méditer.
Différents points de vue aménagés nous permettent de regarder la terre, en ce moment
nous survolons le Colorado et sommes éblouis par ses couleurs.
Tous les semestres un vote est proposé à la population pour le choix d’un atterrissage ;
pays d’abord, ensuite nous décidons si ce sera sur une plage, proche d’une ville,
à la montagne, dans un bocage, etc … et la période de pose bien sûr.
Certains d’entre nous descendent et ne réintègrent pas Cybèle, laissant la place à de
nouveaux habitants ; d’autres, comme moi, vont à la découverte de ces sites, en reviennent
parfois enchantés par le changement de paradigme mis en place, ou désolés par l’inertie
des habitants avec lesquels nous tentons d’argumenter sur les nouveaux possibles.
Jamais plus de 1000 personnes sur ce bateau des airs, tous les âges sont représentés à
partir de 5 ans, une communauté humaine qui se rencontre, rit et réfléchit à la complexité
du monde, à l’universalité de cette ville utopique… ou reproductible ?
Je vous attends.
Patricia
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