Lettre d’amour ou désillusion d’une rêveuse
Toutes les semaines j’attendais ton appel. Dans mon bureau gris, je souhaitais cette lumière qui m’habiterait pour la journée. Ta voix allait illuminer mon esprit, enflammer mon corps. Nos échanges amusés en parlant de sujets professionnels à résoudre dériveraient vers des allusions douces sur une prochaine rencontre. Mais quand ? Michel quand te rencontrerais-je, quand le souffle de ta voix, au lieu de passer par ce combiné, viendra caresser mon oreille ?
Depuis 3 mois j’espère ton appel, depuis 3 mois, tous les lundis, je me languis de t’écouter, depuis que j’ai entendu cette voix qui m’a transpercée comme un éclair et enrobée comme un vent chaud d’été.
Tout me semble fade le reste de la semaine, j’attends l’appel de 10h du lundi matin. Quand viendras-tu, oserais-je le dire, me prendre dans tes bras ?
Lundi 9h45, la porte du bureau s’ouvre, un homme d’1.60m entre, rond comme un nain de jardin, la tête enfoncée dans les épaules, les cheveux épars et gras…. Bonjour Sophie, Michel Dupont, dit-il en souriant et découvrant des dents jaunies.
Patricia
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Vous me demandez une lettre d’amour.
Je veux bien vous abandonner mon « A » et toute sa rondeur, quoi qu’un peu trop fermée sur elle-même. Aussi, prenez, pour aller avec, l’R, la toute dernière, pour une respiration. Partagez, je vous en prie, que personne ne suffoque.
Je vous donne ensuite, bien volontiers, et en toute évidence, le M de l’amour. Mettez-y toutefois tous les ambages qu’il impose par le pont qui passe au-dessus de l’O profonde dans laquelle vous ne manquerez pas de vous noyer.
Enfin, je vous donne l’U de ce beau pays d’Utopie duquel vous ne manquerez pas de revenir quand il ne vous sera plus possible de m’aimer.Zazie
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J'aimais pas l'odeur de tes clopes
J'aimais ta peau parsemée de grains de beauté
J'aimais pas tes regards d'incertitude
J'aimais quand tu choisissais le vin au resto
J'aimais pas quand tu arrivais en retard
J'aimais quand tu me prenais par la taille
J'aimais pas quand tu ronflais fort
J'aimais quand tu cuisinais pour les grands soirs
J'aimais pas quand tu perdais tes clés
J'aimais entendre le son de ta voix au téléphone
J'aimais pas quand tu m'oubliais
J'aimais quand tu ronchonnais
J'aimais pas quand tu pliais trop bien le linge
J'aimais quand tu me saoulais de paroles
J'aime pas la nuit sans toi.
Je n'aime pas.
Je t'aimais.
Ziza