Enfant, j’aimais les
greniers, surtout le nôtre car il était toujours fermé à clé. Sur le palier du
dernier étage, il y avait des cartons de journaux, un peu poussiéreux, une
trottinette cassée et une plante verte qui s’étiolait sous les rayons du soleil
qui traversaient le Velux.
Souvent, j’y
montais : je m’asseyais sur une marche après avoir, en vain, secoué la
pognée rouillée ; je restais là dans le silence à peine troublé par les
bruits de la maison. Dans un premier temps, je le peuplais de jouets, ce
grenier, de jouets merveilleux, mécaniques et électriques, rouges, verts, de
ces jouets que je n’aurais jamais. Plus tard, à l’heure des lectures,
j’imaginais qu’il y avait des livres, plein de livres, de beaux livres reliés,
passionnants, qu’on ne quitte plus dès qu’on les a ouverts.
Et puis, un jour, j’avais
quinze ans environ, je m’avisais que la clé du garage pouvait ouvrir la porte
du grenier. Le cœur palpitant, je tournai deux tours : Rien. Il n’y avait
rien que de très ordinaire, valises usagées, porte-manteaux, vieux coffres
vides.
Je redescendis lentement
l’escalier…ce paradis n’était qu’une escroquerie. Ce qui ne m’empêcha pas,
depuis, d’en imaginer d’autres…
Fantasio40
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Le paradis est l’échappatoire du soi où l’égo se dissout totalement dans une chimique de soude. Le paradis est là où le jeu des apparences se joue sur une roulette multicolore qui tourne dans l’attente d’un sursaut d’une bille de joie ou bien encore sur une carte sans figure d’un bon roi qui pique ou d’une reine de son cœur.
Je m’accroche à moi avec mes griffes, mes becs et mon ongle. Je suis comme un aigle. Je défends ma proie, mon emprise, mon moi.
Et je reviens. Trop vite ?
Zazie