dimanche 23 avril 2017

Décrire le paradis et dire pourquoi on en revient



Enfant, j’aimais les greniers, surtout le nôtre car il était toujours fermé à clé. Sur le palier du dernier étage, il y avait des cartons de journaux, un peu poussiéreux, une trottinette cassée et une plante verte qui s’étiolait sous les rayons du soleil qui traversaient le Velux.
Souvent, j’y montais : je m’asseyais sur une marche après avoir, en vain, secoué la pognée rouillée ; je restais là dans le silence à peine troublé par les bruits de la maison. Dans un premier temps, je le peuplais de jouets, ce grenier, de jouets merveilleux, mécaniques et électriques, rouges, verts, de ces jouets que je n’aurais jamais. Plus tard, à l’heure des lectures, j’imaginais qu’il y avait des livres, plein de livres, de beaux livres reliés, passionnants, qu’on ne quitte plus dès qu’on les a ouverts.
Et puis, un jour, j’avais quinze ans environ, je m’avisais que la clé du garage pouvait ouvrir la porte du grenier. Le cœur palpitant, je tournai deux tours : Rien. Il n’y avait rien que de très ordinaire, valises usagées, porte-manteaux, vieux coffres vides.

Je redescendis lentement l’escalier…ce paradis n’était qu’une escroquerie. Ce qui ne m’empêcha pas, depuis, d’en imaginer d’autres…

Fantasio40

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Le paradis est l’échappatoire du soi où l’égo se dissout totalement dans une chimique de soude. Le paradis est là où le jeu des apparences se joue sur une roulette multicolore qui tourne dans l’attente d’un sursaut d’une bille de joie ou bien encore sur une carte sans figure d’un bon roi qui pique ou d’une reine de son cœur.
Je m’accroche à moi avec mes griffes, mes becs et mon ongle. Je suis comme un aigle. Je défends ma proie, mon emprise, mon moi.
Et je reviens. Trop vite ?

Zazie