dimanche 18 juin 2017

Fermez les yeux et touchez l'herbe ...

Douce couverture terrestre, 
D'un cheveu, ta frêle douceur me caresse, 
D'une mèche, ta langue râpeuse me déconcerte. 
Et lorsque ma voile s'affaisse, 
De ta chevelure, tu m'accueilles bras ouverts, 
Telle une mère que l'on nomme Terre. 


Juan



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Une sensation curieuse comme une sorte de grattement assez doux. En fermant les yeux, cette sensation s »accentue. On croirait s'être assis sur un tapis au poil dru qui gratte un peu. Cela donne envie de s'étendre et de ne penser à rien d'autre qu'à rêver à tout et à rien. Être assis dans l'herbe incite à cette inaction ; ne rien faire est doux.



Gérard

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Fraîcheur. Douceur qui pique, étire, légèreté dans la densité émerge dans la terre, s’étend et se libère vers l’air.
Fraîcheur du vent
Délicatesse sur ma peau
Mes pieds retrouvent un soutien
Contact rassurant, sécurisant.
La terre est mon amie, Dame Nature est là qui me protège.
Ma peine s’écoule vers le sol
Danse, dansent mes pieds, à l’ombre du vent, qui allège et soulage mon cœur.
Mille et mille filaments
Chlorophylle nacrée, germe et pousse secrètement
Comme autant de trésors silencieux mais savants
Qui me comprennent et me savent.
Mille et mille douceurs sous mes pieds
Qui caressent mon cœur comme ma peau
Et lui soufflent une tendresse que j’espère.
Agnès Sarah


Ecrire un texte avec 5 mots donnés par les écrivants : "Confluence", "Ornithorynque", "Amateur", "Moulinex", "Anamorphose".

Bonjour Monsieur ! 

Excusez-moi de vous déranger, je me présente à vous, confluences réincarnées des idées les plus modernes de notre société. Je ne suis pas une sorte d'ornithorynque mal intentionné, ni même un amateur d'idées insensées. Voici ma dernière invention, un appareil à moudre, sans effort et uniquement régi par la force du vent. Je l'ai appelé "Moulinex". Qu'en pensez-vous ? Vous n'êtes pas intéressé ? L'utilisation de la force du vent, vous fait rire ? Ma vision du futur est une anamorphose sans intérêt ? Entendu M. Tesla, désolé de vous avoir dérangé. Néanmoins, cela ne sent-il pas un peu le brûlé ? 





Juan

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Un ornithorynque asthmatique s'ébrouait au confluent de deux fleuves d'eau limpide et fraîche, où nageaient des artémias. C'est alors que l'on vit un amateur de portraits en anamorphose complexifiée sortir un moulin à café Moulinex et se confectionner un expresso grâce à une bouilloire en argent. Les oiseaux entonnaient des refrains nationalistes aux paroles tendancieuses avant de s'étrangler de rire et de s'envoler à tire d'ailes en piaillant de manière méprisante. Somme toute l'ambiance semblait plutôt sympathique.
Gérard
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A la confluence de ses sourcils se dressait un gros souci. Droit et fâché comme un ornithorynque, il lui rabâchait de sombres pensées. Une grosse ride se dessinait et creusait ce front préoccupé. Vrai moulinex à idées noires, il tournait et retournait le problème. Et ainsi ce souci grossissait à vue d’œil, transformant ce visage autrefois léger en vieille apeurée. Anamorphose de la beauté, devenue aigrie et fâchée. Mais un jour ce souci, quel amateur, tomba par hasard sur un zeste de joie. Il le ramassa et l’avala. Le trouva bon, et pfff s’en alla.

Agnès Sarah

Ecrire une seule phrase en 2 mn


 

Ce parc respire son envie de sourire, au rythme des battements de nos vies.



Juan



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J'ai commencé une phrase que j'ai aussitôt rayée car elle ne me plaisait qu'en partie; sachant que je suis un champion dans l'art de la ponctuation et de l'allongement démesuré des syllabes, je préfère m'arrêter ici, ce qui est on ne peut plus raisonnable et n'amène pas à des conséquences par trop incalculables.




Gérard


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Alors, euh, j’aimerais te dire que, en fait, que penses-tu de, si jamais tu avais envie de, enfin je me demandais, je me posais la question, comme ça à tout hasard, tu sais, je marchais, tout à l’heure dans la rue, vers Strasbourg St Denis, tu connais, tu vois, les grands boulevards là, et ben là sur le trottoir, je me suis dit que, enfin peut-être, pourquoi pas, ce serait sympa, je voudrais savoir, te poser la question, te demander si, enfin c’est toi qui vois, savoir si ça te dirait, bon ben voilà, enfin, c’est tout ce que je voulais te dire.
Agnès
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Vive l'écriture participative!
Ziza

Décrire une journée en enfer



Alors, qu'en as-tu pensé ? J'ai cru mourir à chaque instant. Nous roulons à droite : ils roulent à gauche. Nous avons le système métrique : ils comptent avec leurs pieds. Je ne te parle pas de leur cuisine : une tourte à ceci, une tourte à cela. Ils parlent anglais : leur devise est en français. Et leur Brexit, tu te rends compte ? Je t'assure, les voyages ce n'est vraiment pas mon truc. Tu vas me trouver un peu fermé mais pour moi : l'enfer c'est chez les autres. 



Juan

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Dans une immense ville se trouve un grand immeuble de verre , puissamment éclairé , siège d'un consortium international aux capitaux inépuisables et aux responsabilités limitées. C'est une tour située dans un quartier d'affaires ; on voit les tours de bureaux vomir par leurs portes vitrées des cohortes de damnés souffreteux aux yeux exorbités suppliant qu'on les délivre. « Rien à faire » hurlent les managers en en stricts costumes trois pièces ; « vous avez aimé l'argent jusqu'à l'inacceptable, ici vous allez continuer. Le plus amusant est est que vois ne vous en lasserez jamais , ainsi vous souffrirez éternellement , quant on aime on ne compte pas ». Un autre immeuble se dressait plus loin dans un quartier plus pauvre , on y entendait hurler ceux qui avaient pratiqué outrageusement la luxure. Dans un autre immeuble ,situé dans un quartier encore plus pauvre et mal éclairé, on croisait les voleurs, les tricheurs , les escrocs. Je continuais à évoluer vers un vieux bâtiment vermoulu d'où s'échappaient des cris de souffrance , là on enfermait ceux qui avaient trahi, s'étaient parjurés qui avaient dénoncé pour de l'argent ou qui avaient fait le malheur de leur prochain. Ici pas de lumière étincelante , on s'éclairait à la bougie. Les damnés souffraient dans la pénombre et se mordaient les mollets les uns les autres. Finalement mon guide me proposa de revenir vers mon monde qu'auparavant je jugeais imparfait et il me dit de bien réfléchir , car parvenu dans cette vile il n'y aurait plus de moyen d'en sortir jamais. « Alors réfléchis bien avant d'être confié à la liberté du patron. Le vieux Belzébuth est un sale caractère, crois-moi. Alors retourne sur terre, tu as bien mieux à faire et regarde les tableaux de Jérôme Bosch, tout y est dit ».


Gérard


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L’Enfer, pour y avoir passé un jour, c’est la même chose qu’ici mais en pire.
Un jour, j’en avais marre. Je me suis dit, je me barre d’ici, je lâche tout et je m’en vais. Je vais voir de l’autre côté.
Ici c’est tout pourri, le paradis on doit s’emmerder, alors qu’en Enfer on doit s’éclater. Petits diablotins, grands feux, tenailles, enfin on doit se marrer. Pas besoin d’être sympa, pas de loi, la gentillesse on s’en fout, la sagesse on fait tout l’inverse.
Alors j’y suis allé.
Je suis arrivé dans une grande plaine, déserte, isolée, perdue dans l’immensité.
Rien. Le néant. Le vide. Une longue absence sans commencement ni fin. Une éternité de rien.
J’étais sacrément déçu.
J’ai commencé à chercher, les diablotins, les feux, les marmites, les chaudrons, les tenailles. Mais rien. Personne à tourmenter. Même pas un peu de vie, un peu de souffrance. Des cris, des pleurs. Juste rien.
Le néant.
Une vaste étendue de vide.
Alors j’ai appelé, j’ai crié, j’ai hurlé.
Mais pas même mon écho ne me répondait.
J’ai marché, j’ai couru, mais pas même mon corps ne me répondait.
J’avais disparu.
Mon corps s’était dissipé dans un brouillard sans fumée, dans un espace sans temps, où rien n’existe qu’un trou béant.
Alors j’ai flippé. Une de ces peurs au-delà de ce qu’on peut imaginer. Si j’étais coincé là à tout jamais ? Oublié ? Inexistant ? Dans un espace-temps qui n’existe que dans ma psyché ?
Ma psyché, ma psyché, coincé là tout seul.
Perdu à tout jamais.
Sacrée défonce. Faut que je renonce.
Le vide de mon existence, en plein dans ma gueule.
Faut que je sorte de là. Faut que je revienne.
Mais pas d’issue.
Une longue étendue. De rien.
J’ai disparu.
Plus que la peur, une longue démence, une longue errance.
Pourtant je suis là, quelque part, mais je sais pas où.
Alors je pleure, je crie, je hurle. Mais aucun son, je suis perdu.
Et puis un choc. Un deuxième choc.
Électrochoc.
Mon cœur redémarre.
Des sons, du bruit, de la vie.
Agitation, lumière, on s’affaire.
Autour de moi de la vie.
Concentration, occupation, son des machines.
Mon cœur, mon cœur. Palpite, vibre, et redémarre.
Battements, battements du cœur. Je suis en vie.
Sacrée défonce. Quelle connerie.
J’écoute mon cœur. Je m’accroche à ce cœur.
Vas-y mon vieux, je te ferai plus ce coup-là, c’est bien promis.
A partir de maintenant je m’accroche à toi mon cœur, je choisis la vie.
Et pour la première fois un peu de chaleur. Là, sur ma poitrine.
Plus de trou. Plus de vide.
Je suis en vie.
Mon cœur est là.
Je l’avais oublié, mais maintenant il bat.
L’enfer c’est quand t’y es pas.
Ça y est, j’ai bien compris.
Le chemin du cœur j’ai retrouvé.
Agnès Sarah

dimanche 4 juin 2017

"En certaines heures de certaines journées je suis privé de tout secours" (extrait d'Autoportrait au radiateur de Christian Bobin)



A certaines heures de certaines journées, je suis privé de tout secours.
J’appelle à l’aide longuement, je crie, mais je n’ai pas l’impression qu’ils m’entendent. Je voudrais qu’ils reviennent, qu’ils s’occupent à nouveau de moi, ceux qui me retiennent prisonnier.
Je me mets sur le côté, fatigué d’être sur le dos. Je deviens tout rouge, je tends le cou, je serre un barreau ou un autre entre mes doigts.  La fenêtre est loin et la porte encore plus.


Je sais qu’ils repasseront plus tard, pour le repas : j’aurai droit à mon biberon du soir et cette pensée finit par me calmer.

Fantasio40


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Certaines heures de certaines journées, je suis privé de tout secours ; et pourtant je n'en cherche pas vraiment sachant que je n'ai pas besoin d'être secouru. Et même en aurais-je besoin pour autant qu'on me l'ait proposé. Mais qui l'aurait fait sachant qu'il n'y avait eu aucun appel de ma part. Il y a donc des moments où je n’ai pas besoin d'être secouru car je ne suis pas dans une situation où j'aurais le besoin de l'être et qu'il n'émane aucune demande de ma part.

Gérard



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En certaines heures, de certaines journées, je suis privé de tout secours. L’attente interminable ne semble pas prendre fin, alourdi par ces heures plantées là, devant ce hangar. Fichu tour de garde ! Quand vieux Lion, nous laisseras tu réaliser notre destin ? Vieux Bulldog donne nous le signal ! Trois mois déjà, à attendre sous cette pluie. Je trépigne à l’idée de sauter et réaliser ce pourquoi, tu nous as convoqués. Libérer ce pays que je ne connais pas et enfin retrouver ce qui est mon destin.



 Juan 

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En certaines heures, de certaines journées, je suis privée de tout secours. 
Cette sensation peut être délicieuse.
Étrangement.
Se sentir loin de tout.
De tout le monde.
Étrangère à ce monde.
Étrangère à moi-même.
Nul secours possible.
Juste seule face à moi-même.
Je suis mon seul secours.
Ma seule issue.
Une seule porte à pousser : la mienne ...

Ziza

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En certaines heures de certaines journées je suis privée de tout secours
Certaines journées de tout secours, privé je suis, à certaines heures.
De tout secours, à certaines heures, je suis privée, de certaines journées.
Je suis privée, oui, à certaines heures de tout secours, mais certaines journées seulement.
Privée de tout secours stop
Certaines heures stop
Certains jours stop
A l’aide stop
Au secours ! Pourquoi m’en priver ce jour et à cette heure ?
J’ai envie de crier, Au secours !
Patricia


"Je vous écris d'un pays lointain" (extrait du poème d'Henri Michaux, tiré du livre Plume)


Je vous écris d’un pays lointain. Ici, tout est à propos et hors de propos. Par delà et en deçà.
Les maisons s’empilent le long de chemins jaunes au sol rugueux. Il y a des vallées qu’on dévale, des montagnes naines, des nuits qui durent des jours, des animaux fabuleux, des oiseaux verts aux ailes immenses sous lesquelles on s’abrite du vent.
Ici, la vie ne se traîne qu’une fois par mois : le reste du temps, elle est fuligineuse, véloce et odorante.  Les habitants, quand on les voit,  sont comme nous dans nos rêves : inspirés ou flous, géants aux bras immenses ou fourmis orange obstinées.
Ici, c’est un vaisseau fantôme, une arche de Noé, une montagne magique, c’est le yin et le yang, les marées, les rivières, le fracas et le calme, quatre horizons, trois ciels.


Je vous écris d’un pays lointain, loin de vous et de votre quotidien gris. Inutile de vous dire que je ne suis pas prêt de revenir.
Fantasio40


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Je vous écris d'un pays lointain

Ici il n'y a que la douceur
Ici il n'y a plus de demain
Ici pas de bitume mais des fleurs
Qui éclaboussent les chemins

Je vous écris d'un pays lointain
Ici la seule reine c'est la lenteur
Ici jouent les nuages enfantins
Ici le vent se déguise en lueur
Et prend les habitants par la main

Je vous écris d'un pays lointain
Ici il n'y a pas d'ordinateur
Ici on tutoie son voisin
Ici on chuchote la langue du cœur
Qui enchante  mon pays lointain...


Ziza

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Je vous écris d'un pays lointain ; ici les gens ont des pratiques étranges ; lors de cérémonies, ils se lancent dans des improvisations furieuses au cours desquelles ils se mettent à imiter le cri d'animaux féroces qui hantent la région. J'ignore totalement l'origine de ces pratiques plutôt étranges et exotiques. Après avoir rugi, ils se lancent dans des danses tout aussi sauvages, ne s’arrêtent que lorsqu'ils sont parvenus à l'épuisement. J'ai assisté à ce spectacle qui m'a grandement troublé ; je ne savais pas où ils voulaient en venir ni si, de cette façon, ils invoquaient la bienveillance de leurs dieux, C'est sans doute ce qui les a épuisés au point où l'on a vu personne aujourd'hui. Tous restaient chez eux brisés de fatigue. En ces lieux, le temps est le plus souvent chaud et humide et il y a nombre d'orages d'une grande violence. Assis sous l'auvent en bois de la véranda, je vois la mer et ne pense qu'à son immensité.

Gérard


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Je vous écris d’un pays lointain. Ici, ont poussé les lianes de mes souvenirs qui me ramènent sans cesse vers vous.
J’écris en liane de mots à vous si lointain alors que mes souvenirs se blotissent en grappes âpres de fruits soûls.
Naviguer en lianes en bateau souvenir, le pourrez-vous ?


Pour venir cueillir à point les fruits du souvenir lointain d’un pays qui ramènent à nous.

Zazie


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Je vous écris d’un pays lointain. 
Ici l’atmosphère respire le matin. 
Les vaches sont reines de leur destin, 
Les rêves ne semblent pas trouver fin. 
Ce peuple a su reprendre le train, 
De ses racines, de son histoire, de son lendemain, 
Un homme leur a montré le chemin, 
D'un changement sans lever main. 



Juan