Ma petite fille saute à la corde dans la cour.
Soudain un hurlement déchire l'air!
Sur le rebord de la fenêtre, au 5ème étage, un désespéré vient de prendre pied.
Mais pas la main! Il s'accroche à la fenêtre du 4ème.
L'image s'imprime sur la pupille de l'enfant effarée, sa bouche est grande ouverte pour ce cri déchirant qui ne sortira jamais, ses mains sont moites, ses genoux flageolent. Elle attend la chute.
Mais tout à coup, la voilà tétanisée, Mon Dieu voilà qu'elle s'est mise à réfléchir et que son esprit conscient est entré en action.
Les fractions de secondes devinrent des minutes, elle put tour à tour implorer le pardon de sa "Barbie" dont les bras ont été arrachés le matin même, et celui de sa nourrice à qui elle recrachait régulièrement sa purée au visage!
Ma petite fille prit conscience à cet instant-là de la fragilité de la vie ...
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Je vous l'assure, c'est une histoire vraie.
Elle s'est déroulée en trois temps.
1er temps : découverte du corps du délit, une pantoufle de pointure 44. 2nd temps :
la casquette à carreaux sous la pantoufle. Mais entre les deux, pas de corps.
3ème temps : on décréta qu'il y avait donc eu CRIME.
C'était fort clair : le colonel Moutarde avait là quelque chose de consistant à se mettre sous la loupe (à fort grossissement, bien sûr).
Hélas sa vue baissait déjà depuis quelque temps, ce qui eut pour fâcheuses conséquences de souvent lui faire prendre des hannetons pour des tatous.
Il était temps que le colonel Moutarde Moutarde change de loupe!
Melle Rose lui en offrit une neuve.
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Au crépuscule d'une vie, aller jeter sa bouteille vide, d'une éducation qu'on ne choisit pas, au bout du bout du monde!
Aller jeter sa vie à l'eau ...et se laisser porter par le porter.
Errer dans le brouillard.
Croire que toutes les erreurs que l'on a commises finalement, elle étaient permises.
Alors continuons, le crépuscule n'est pas la fin, il augure un coucher de soleil éblouissant.
Un coucher de vie pourpre au ciel effaré que tout éclaire d'une douce lumière.
Un éclat diffus et coloré de violet, de bleu, d'orange, de jaune vif, une palette iridescente et vive qui donne l'envie de plonger dans le lointain de la joie suprême de l'anéantissement.
Un autre voyage en vue : mais un voyage léger et sans destination choisie...
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- Qu’est-ce que c’est, à votre avis ?
- Un chien blanc sur un fond blanc...c’est la
dernière œuvre de Bismut, tu aimes ?
- Non, je n’aime pas, car on n’y voit rien.
Bismut est un subterfuge à lui tout seul.
- Certes, mais l’usage du ton sur ton rend sa
peinture positivement différente. D’autant que Bismut emploie exclusivement le
blanc : il devrait refaire ma salle de bains.
Il en était à la dixième couche de blanc,
d’un ton différent à chaque fois, éclatant et parfait.
Seul un Esquimau aguerri
aux blancs de la banquise en percevait les subtilités, de ce blanc !
Son
prochain tableau, dit-on, sera une banquise blanc titane sur laquelle un cygne
blanc d’Espagne mangerait des œufs en neige. Enfin, c’est ce que l’on dit.
Et
tout ça parce que Bismut avait son atelier boulevard Richard Lenoir. Quand
même !
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Le culbuto tournoyait dans la pièce silencieuse.
Les volets étaient clos, la poussière outrageusement
installée partout, les draps posés sur les sofas bleu de chine, l’air chargé
d’électricité, l’orage allait venir.
D’énormes cumulo nimbus commençaient à
s’accumuler en obscurcissant le ciel pour le rendre noir d’encre.
Le premier,
le plus noir et le plus bas, hargneux et colérique, décida de se crever la
panse d’un éclair mortel qui partit du sol telle une lance brisée.
Le second poursuivit
sa trajectoire pour aller déchirer le ciel un peu plus loin.
Les suivants en
troupeaux de moutons noirs vinrent asperger les toits noirs de zinc.
De sa fenêtre, M. Lefort observait tout ça avec
délectation : un météorologue ne dort jamais.
En allant chercher un café,
il traversa la pièce sombre et s’étala sur le sol en trébuchant sur le culbuto
… et vit quelques étoiles !
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Ne se fâcheraient-ils pas à l'annonce d'une nouvelle aussi incongrue et grotesque et tout à fait inacceptable de la part du grand père qui les avait rayés de son testament.
Ils se firent une raison,un héritage est souvent entaché d'un passif : outre l'engagement moral de reprendre la ferme , tout transmettre...C'était trop
Décidément , ce grand père les avait encore une fois réunis ; même mort.
Adieu veaux, vaches , cochons....Évacuons le passé. Vive l'avenir. Allez Suzanne allons prendre des vacances. Venise ou Modane ?
Écoute Maurice, avec cette absence d'héritage , tu crois vraiment que nos moyens nous le permettent ?
Bien sûr, sac à dos, stop on part à l'aventure. Tu as envie de voir les autres se régaler des rillettes, des conserves du grand père ? On se casse.
Ils purent bien mieux ainsi s'arracher du grand père intestamentaire et partirent à l'aventure main dans la main pour aller recoller à deux les petits lambeaux d'un mariage contraint.
Ainsi les choses prendraient fin comme elles avaient débuté, c'était la fin du chemin.
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Je n'avais pas pris conscience que je me trouvais assis à moins de deux mètres d'un sac rempli de bouteilles de gaz.
Quand ce fut le cas, mon sang se figea dans mes veines.
Le GIGN arriva et se jeta sur moi les yeux révulsés.
Ils étaient deux un petit ,un peu enveloppé, et un grand maigre, les Laurel et Hardy de la gendarmerie.
La fine équipe.
Le premier, soucieux du prochain repas , suggéra d'utiliser le gaz pour griller quelques chipos avant d'en appeler aux démineurs.
Cependant il réalisa qu'il venait d'oublier les bouteilles de gaz dans la salle d'attente d'une gare voyageurs.