dimanche 24 septembre 2017

Deux phrases prises au hasard dans un bouquin ...

Temps d'écriture : 10 minutes
Qu’est-ce qui vous ferait plaisir aujourd’hui Mme Hautcoq ?
Dans le 16ème, il fallait les soigner les rombières. Ca choisissait son steak en pinçant le nez.
Moi, derrière ma caisse, je regardais Paulo mon homme, les flatter, leur susurrer la fraîcheur du tendron, et la tendresse de l’araignée. Elles émettaient un ricanement en cul de poule qui faisait craquer leur rouge à lèvres, mais finissaient par conclure avec Paulo.
J’m’entends par conclure…. Du cash, du flouze, c’est tout, mon Paulo il a qu’un vice dans la vie, les bagnoles, il bave devant les catalogues glacés de Ferrari, Maserati, Lamborghini, que de l’Italien, … en buvant du chianti !
La passion des bagnoles ça commence jeune chez le mâle.


Patricia

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Qu’est-ce qui vous ferait plaisir aujourd’hui Mme Hautcoq ?
Je ne supportais plus cette phrase d'accueil du serveur qui me le servait à chacune de mes venues depuis maintenant 10 ans!
Ne pouvait-il pas simplement me saluer d'un petit signe de tête discret comme le font les serveurs à leurs habitués?
Et bien non, cet abruti s'évertuait à claironner inlassablement son "Qu'est-ce-qui vous ferait plaisir aujourd'hui, Mme Hautcoq?". Mais comment pourrais-je me faire plaisir dans cette gargote désuète qui servait depuis 10 ans le même menu! Jamais un plat nouveau à la carte depuis des années!...
L’indétrônable œuf mayo en entrée, suivi de son banal pot-au-feu sans saveur et de sa profiterole au chocolat figé tout droit sortie du frigo. 
En fait, ce qui me ferait vraiment plaisir, c'est de ne jamais remettre les pieds dans ce lieu sans vie ...et ne jamais revoir ce pauvre serveur que la cuisine n'a jamais intéressé...et pour cause, sa seule et unique passion, ce sont les voitures de courses : la passion des bagnoles ça commence jeune chez le mâle!

Ziza

Texte érotique avec des mots tirés de l'univers culinaire ...

Temps d'écriture : 8 minutes

Allongée nue sur une table moussue, j’attends. Les cuisiniers s’affairent dans la pièce à côté, je les entends, je les attends.
Ils arrivent, sourire aux lèvres, munis de diverses douilles qu’ils remplissent de crèmes aux couleurs chatoyantes et commencent à dessiner sur mon corps. Les orteils et les pieds sont ornés d’une onctueuse crème à l’avocat, je sens que l’on dépose sur mon ventre les bouchées chaudes à croquer, l’odeur épicée du gingembre enrobe mes cuisses.
Les tétons de Vénus ont déjà trouvé leurs places, deux seulement…
Les convives apparaissent, tournent autour de moi, jusqu’aux oreilles je serai leur menu sans couvert… ils commencent à déguster avec les lèvres, croquent les délicieuses mignardises, cette douce mise en bouche me fait fondre de volupté.


Patricia

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J'aime beaucoup l'épice de ta chair
Comme une mise en bouche délicieuse
Qui caresse mon palais d'amoureuse
A coup de zeste de toi
Le feu de ma langue
Te savoure comme un fruit trop mûr

Je te croque
Je te suce
Je te déguste
Je ne fais qu'une bouchée de toi

Et je remets le couvert
A coup de dents
A coup de feu
A coup de morsure de toi

Je suis l'amante
Je suis la mante

Ziza


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Ton corps, le mien, debout.

Et puis assis, se bécotant, se suçant les lèvres, une bouchée de toi, 

une bouchée de moi...deux gourmands. On se vaut, tiens. Après cette mise en bouche, les mains s'impatientent, 
dénudent, là une épaule,
ici un torse, quatre bras... ta peau toute entière, la mienne, tout est savoureux. A croquer.
Tu es à croquer et je croque un téton de Vénus, tes doigts, la gras de ta fesse
mais j'embrasse aussi, je caresse.Les épices de ton bas-ventre me chatouillent le nez et la langue, 
on se déguste localement avant d'en venir à la chaleur de l'étreinte, au peau à peau. 
Un zeste d'hésitation te retient
et moi aussi, du coup. 
Notre chaleur nous enveloppe, tension de part de d'autre,
tension mêlée d'abandon...
Tout est possible.


Fantasio

Quand je serai petite(e), je serai ...

Temps d'écriture : 7 minutes


Quand je serai petite
Je serai une chipie aux cheveux roux
A la peau étoilée de tâches de rousseur
Une chipie farceuse
Qui fera plein de bêtises
Une chipie malicieuse
Qui fera tourner en bourrique 
Ses parents et ses frères et soeurs
Sa maîtresse et ses camarades de classe
Une chipie capricieuse 
Qui n'en fera qu'à sa tête
Et comme bon lui semblera
Quand je serai petite
Je serai colérique
Prétentieuse
Insupportable
Une chipie
Qui sera la meilleure amie
De la petite fille sage que j'étais.

Ziza

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dimanche 3 septembre 2017

Danser au bord de l'abîme ...

Temps d'écriture : 10 minutes


Elle ne savait pas où elle allait, ce qu’elle allait faire, comment elle allait réagir à tout ce que la vie lui envoyait… Elle côtoyait l’abîme : c’était une image, bien sûr, mais elle sentait qu’elle était juste. Un pas de côté et c’était la fin. A la banque, elle était dans le rouge. Le conseiller l’avait déjà appelée plusieurs fois :
-              Mlle Lebon ?
-              Oui
-              Dorothée Lebon ?
-              Elle-même.
-              Vous savez que votre compte, depuis trois semaines, est…
Elle raccrochait à chaque fois.
Dorothée vivait à Seclin, dans le nord. Ce 12 juin, elle avait pris les factures impayées et en avait fait un joli tas sur la table de son studio. Elle avait rendez-vous le lendemain pour du travail : un espoir.
Pourtant, le soir, elle s’habilla joliment et partit vers 22h pour aller danser au « Bacaluna ». Quelle soirée ! Quels bons moments elle passa avec ses copines, Leila, Karine, cette grande bringue de Fatouma et même Vanessa qui, soudain, ne lui faisait plus la tête.

Dorothée utilisa son dernier billet de vingt euros pour rentrer en taxi, vers quatre heures du matin. Inutile de dire qu’à neuf heures et demie, quand son portable sonna et que le recruteur s’inquiéta de son absence, elle ne put que répondre : J’ai pas vu l’heure !

Fantasio

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Danser au bord de l'abîme
Caresser l'indicible
Fleurter avec le pire
Chanter des notes noires
S'émerveiller face à l'impensable
Batifoler avec sa souffrance
Respirer le gris de l'étouffement
Entendre ce que l'on ne dit pas
Ecrire ce que l'on ne ment pas
S'amuser en chutant
Rire en plongeant dans l'éternité ...

Ziza

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J'imagine une falaise très haute, vertigineuse, terriblement verticale, constituée d'une roche friable de couleur marron clair avec du gris foncé et les traces vertes de la mousse. Une odeur forte d'algues marines envahit l'atmosphère ; cela sent la mer. Des mouettes volent en décrivant de larges cercles à la recherche d'éventuelles proies ; volant de la même manière que les mouettes, des goélands ; tous deux ont aussi mauvais caractère l'un que l'autre et entre eux aucun dialogue n'est permis. L'homme et la femme sont montés par l'étroit sentier menant au sommet de la vertigineuse falaise. Lorsqu'ils se trouvèrent au bord du précipice , leurs yeux se perdirent sur la mer et au loin on pouvait voir à perte de vue la crête moutonnante des vagues qui formaient un vaste troupeau dont l'homme et la femme auraient pu être les bergers. Le vent soufflait et un étrange équilibre s'était peu à peu établi ; un rien aurait pu le rompre, cependant il se maintenait, le temps semblait s' être arrêté. Seuls les cris des oiseaux de mer tissaient une sorte de fond sonore que rythmait la puissante pulsion de la mer. Qu'allait faire ce couple ? Pas grand chose. Contrairement à toute attente, ils reprirent le chemin et se mirent alors à le parcourir paisiblement en sens inverse, appréciant ce moment de plénitude. Quant à moi, en levant la tête de mon livre, je pris conscience que j'avais raté ma station de métro, je serai en retard, je n'ai pas vu l'heure.

Gérard



Exercice des feuilles tournantes

Ma petite fille saute à la corde dans la cour.
Soudain un hurlement déchire l'air!
Sur le rebord de la fenêtre, au 5ème étage, un désespéré vient de prendre pied.
Mais pas la main! Il s'accroche à la fenêtre du 4ème.
L'image s'imprime sur la pupille de l'enfant effarée, sa bouche est grande ouverte pour ce cri déchirant qui ne sortira jamais, ses mains sont moites, ses genoux flageolent. Elle attend la chute.
Mais tout à coup, la voilà tétanisée, Mon Dieu voilà qu'elle s'est mise à réfléchir et que son esprit conscient est entré en action.
Les fractions de secondes devinrent des minutes, elle put tour à tour implorer le pardon de sa "Barbie" dont les bras ont été arrachés le matin même, et celui de sa nourrice à qui elle recrachait régulièrement sa purée au visage!
Ma petite fille prit conscience à cet instant-là de la fragilité de la vie ...

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Je vous l'assure, c'est une histoire vraie.
Elle s'est déroulée en trois temps.
1er temps : découverte du corps du délit, une pantoufle de pointure 44. 2nd temps :
la casquette à carreaux sous la pantoufle. Mais entre les deux, pas de corps.
3ème temps : on décréta qu'il y avait donc eu CRIME.
C'était fort clair : le colonel Moutarde avait là quelque chose de consistant à se mettre sous la loupe (à fort grossissement, bien sûr).
Hélas sa vue baissait déjà depuis quelque temps, ce qui eut pour fâcheuses conséquences de souvent lui faire prendre des hannetons pour des tatous.
Il était temps que le colonel Moutarde Moutarde change de loupe!
Melle Rose lui en offrit une neuve.

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Au crépuscule d'une vie, aller jeter sa bouteille vide, d'une éducation qu'on ne choisit pas, au bout du bout du monde!
Aller jeter sa vie à l'eau ...et se laisser porter par le porter.
Errer dans le brouillard.
Croire que toutes les erreurs que l'on a commises finalement, elle étaient permises.
Alors continuons, le crépuscule n'est pas la fin, il augure un coucher de soleil éblouissant.
Un coucher de vie pourpre au ciel effaré que tout éclaire d'une douce lumière.
Un éclat diffus et coloré de violet, de bleu, d'orange, de jaune vif, une palette iridescente et vive qui donne l'envie de plonger dans le lointain de la joie suprême de l'anéantissement.
Un autre voyage en vue : mais un voyage léger et sans destination choisie...


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-  Qu’est-ce que c’est, à votre avis ?
-  Un chien blanc sur un fond blanc...c’est la dernière œuvre de Bismut, tu aimes ?
-  Non, je n’aime pas, car on n’y voit rien. Bismut est un subterfuge à lui tout seul.
-  Certes, mais l’usage du ton sur ton rend sa peinture positivement différente. D’autant que Bismut emploie exclusivement le blanc : il devrait refaire ma salle de bains.

Il en était à la dixième couche de blanc, d’un ton différent à chaque fois, éclatant et parfait.
Seul un Esquimau aguerri aux blancs de la banquise en percevait les subtilités, de ce blanc !
Son prochain tableau, dit-on, sera une banquise blanc titane sur laquelle un cygne blanc d’Espagne mangerait des œufs en neige. Enfin, c’est ce que l’on dit.
Et tout ça parce que Bismut avait son atelier boulevard Richard Lenoir. Quand même !


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Le culbuto tournoyait dans la pièce silencieuse.
Les volets étaient clos, la poussière outrageusement installée partout, les draps posés sur les sofas bleu de chine, l’air chargé d’électricité, l’orage allait venir. 
D’énormes cumulo nimbus commençaient à s’accumuler en obscurcissant le ciel pour le rendre noir d’encre.
Le premier, le plus noir et le plus bas, hargneux et colérique, décida de se crever la panse d’un éclair mortel qui partit du sol telle une lance brisée.
Le second poursuivit sa trajectoire pour aller déchirer le ciel un peu plus loin.
Les suivants en troupeaux de moutons noirs vinrent asperger les toits noirs de zinc.

De sa fenêtre, M. Lefort observait tout ça avec délectation : un météorologue ne dort jamais.
En allant chercher un café, il traversa la pièce sombre et s’étala sur le sol en trébuchant sur le culbuto … et vit quelques étoiles !


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Ne se fâcheraient-ils pas à l'annonce d'une nouvelle aussi incongrue et grotesque et tout à fait inacceptable de la part du grand père qui les avait rayés de son testament.
Ils se firent une raison,un héritage est souvent entaché d'un passif : outre l'engagement moral de reprendre la ferme , tout transmettre...C'était trop
Décidément , ce grand père les avait encore une fois réunis ; même mort.
Adieu veaux, vaches , cochons....Évacuons le passé. Vive l'avenir. Allez Suzanne allons prendre des vacances. Venise ou Modane ?
Écoute Maurice, avec cette absence d'héritage , tu crois vraiment que nos moyens nous le permettent ?
Bien sûr, sac à dos, stop on part à l'aventure. Tu as envie de voir les autres se régaler des rillettes, des conserves du grand père ? On se casse.
Ils purent bien mieux ainsi s'arracher du grand père intestamentaire et partirent à l'aventure main dans la main pour aller recoller à deux les petits lambeaux d'un mariage contraint.
Ainsi les choses prendraient fin comme elles avaient débuté, c'était la fin du chemin.


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Je n'avais pas pris conscience que je me trouvais assis à moins de deux mètres d'un sac rempli de bouteilles de gaz.
Quand ce fut le cas, mon sang se figea dans mes veines.
Le GIGN arriva et se jeta sur moi les yeux révulsés.
Ils étaient deux un petit ,un peu enveloppé, et un grand maigre, les Laurel et Hardy de la gendarmerie.
La fine équipe.
Le premier, soucieux du prochain repas , suggéra d'utiliser le gaz pour griller quelques chipos avant d'en appeler aux démineurs.
Cependant il réalisa qu'il venait d'oublier les bouteilles de gaz dans la salle d'attente d'une gare voyageurs.