dimanche 22 juillet 2018

Décrire un héros de son enfance : comment existait-il dans votre vie d'alors ?



Temps d'écriture : 20 minutes



Enfant, j'ai lu...dévoré des livres plus ou moins épais, plus ou moins intéressants. Certains m'ont passionnés.
Mes grands-parents habitaient une petite ville grise...et leur pavillon en briques n'avait aucune fantaisie. Ma grand-mère, chignon austère et tablier à dominante noire, ne respirait pas non plus la joie. Imaginez donc ma joie de découvrir, dans un coin de la chambre que nous occupions avec mes frères, plusieurs volumes de "Rocambole".
Mais si, Rocambole, ce héros de papier qui déroula ses aventures au long de feuilletons interminables. Rocambole ! Enfant trouvé, aventurier devenu sur le tard redresseur de torts...tout en lui m'enchantait : sa faculté à fréquenter différents milieux, les gares mal famées, les bas-fonds mais aussi les palais. Il côtoyait les duchesses, les princesses, vivait des amours impossibles dans le grand monde, cherchant souvent à échapper à la menace que lui faisait courir Sir Williams, son ennemi juré. Et surtout, surtout, tel Arsène Lupin après lui, Rocambole changeait de nom, d'apparence, de visage...
Plus tard, à l'occasion de fêtes de Noël ou d'anniversaires, d'autres volumes de ses aventures entrèrent dans la maison. Nous les lisions, je les lisais...m'y plongeais le soir, à le lueur d'une lampe de poche (pour ne pas me faire remarquer après l'extinction des feux).  Je me détendais, calais ma tête sur l'oreiller et retrouvais ces aventures invraisemblables où l'auteur en rajoutait, tirait à la ligne, mais avec tellement de brio. L'heure venait où, les yeux me piquant, je plantais un marque-page dans le livre au papier jauni avant d'éteindre la lampe.
Le scandale mondain éclaterait-il ? Rocambole mettrait-il enfin la main sur l'héritage  du banquier Robillard ? Échapperait-il une fois encore à l'inspecteur Benoît ?

Fantasio


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J'aimais bien le Prisonnier. Avec une majuscule : il ne s'abaissait pas à avoir un nom, en tout cas pas à le donner à tout le monde. Il revenait toutes les semaines, sur la même chaîne - et dans les mêmes chaînes, pour ainsi dire... Et même qu'il les secouait, toutes ces chaînes, il se démenait même comme un fou. Eh oui, bizarrement, il ne voulait pas rester le prisonnier sans nom, il trouvait que prisonnier ce n'était pas un métier, et que ce n'était pas sa vocation non plus.
Nous, s'il nous avait demandé, on lui aurait conseillé de continuer, de rester comme ça. Parce que nous, c'est ça qui nous plaisait, tout simplement.
Et puis d'abord (c'est ce qu'on lui aurait dit, si on l'avait croisé dans les rues du village) : si tu t'évades, après, tu feras quoi ? Et d'abord, tu sais combien ça coûte, une cavale ? Et puis, tu ne connais plus personne, dehors, tu n'as plus les codes, tu te feras reprendre... !
- Et il a dû nous entendre, quelque part, là-bas. Parce qu'il n'a jamais réussi à le quitter, ce fameux village où il habitait malgré lui. Semaine après semaine, on le retrouvait, et c'était toujours aussi bien. Et même que nos parents acceptaient qu'on le regarde, et qu'on fasse nos devoirs seulement après ! Ce qui était très bien aussi...
Alors que pour Le Saint, ils étaient intraitables : les devoirs d'abord - Mais de toute façon, Le Saint, on aimait moins !
Alain


Vous êtes traducteur de mandarin ...

Temps d'écriture pour cette pige : 5 minutes



FOU-YONG récompensé !


Le champion chinois du gong, Fou-Yong, a une nouvelle fois amélioré son record.


Il s'est beaucoup entraîné, il n'a pas compté son énergie ni plaint le cal de ses doigts, mais enfin, il y est arrivé : dans le petit village de Nan-Sen, Fou-Yong, déjà recordman 2017 de l"épreuve du gong, a tapé durant vingt-deux heures quinze minutes sur un disque de cuivre avec un maillet réglementaire.
Bien sûr, le Parti est fier de lui, ses parents exultent..et les photographes se pressaient, nombreux, hier, pour immortaliser l'image du champion. Fou-Yong remettra son titre en jeu l'an prochain, évidemment.

Comme il le dit lui-même avec philosophie : "Tape sur ton gong, tape sur ton gong, il en restera toujours quelque chose !"

Fantasio


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L'atelier en plein air de Madame Liu
(d'après une dépêche de l'Agence Chine Nouvelle)

Issue d'une famille modeste et comptant plusieurs générations de loyaux serviteurs du Peuple, Madame Liu n'a pas pu intégrer l'usine de tracteurs où ses deux parents se sont rencontrés. Sa santé fragile « contre-indique la station debout prolongée », a tranché le Docteur Xou, médecin du travail.


Mais Madame Liu ne voulait pas rester inactive et être une charge pour la collectivité. Elle a donc lancé un petit commerce de napperons brodés, qu'elle fabrique dans un atelier en plein air. Elle répond, rapidement et pour un prix modique, aux demandes de ses clients, en exécutant tous les décors qu'ils souhaitent, animaux, végétaux, et même portraits de leurs proches, ou de nos admirables dirigeants.

Alain
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Le potiron, le nouvel or de l'extrême-orient

La Chine court à sa perte avec ses millions d'usines polluantes qui ont envahi l'ensemble du pays.
La population commence à réaliser que c'est un désastre écologique ...ainsi, une frange de la population a commencé à réagir en s'organisant autour de la permaculture ...Et c'est dans ce contexte que le potiron apparaît dans les potagers chinois depuis le début des années 2010. Ce légume jusqu'alors inconnu dans ces contrées reculées, devient au fil des années la star du potager! Et certains chinois voient le potiron comme un nouveau Dieu depuis peu! Il faut dire que ce légume tout rond aux couleurs orangées ressemble au soleil levant, avec ses promesses d'un nouveau jour plus riche que le précédent ...Ainsi, ils se lèvent chaque matin pour aller lui faire des offrande au lever du soleil.
C'est donc en quelques années à peine, que ce potiron qui ne pousse qu'aux confins orientaux du pays, est devenu une divinité végétale à part entière, vénérée sans limite ...C'est même devenue une denrée très recherchée que les chinois s'arrachent à prix d'or! Le cours du marché du potiron a même depuis peu dépassé celui de la poudre de rhinocéros, c'est pour dire la préciosité de ce cucurbitacée!


Ziza

La marathon des mots


Ecrire un texte avec 8 mots donnés par les écrivants : limonade -
Temps d'écriture : 8 minutes

Louis avait, disons-le, un sérieuse tendance à procrastiner. Ce qui l'embarrassait.
Il pouvait très bien remettre à deux heures un repas qu'il aurait dû prendre à midi.  Puis à quatre heures...ce même repas.
A table, se posait aussi la question cruciale du choix : l'entrée passait toute seule, évidente comme une illumination. Il reculait un peu le moment d'attaquer son steak-frites ou son bœuf en daube, mais juste pour ne pas perdre la main. Au dessert, devait-il boire d'abord la limonade ou avaler sa compote, éternel dilemme. Louis en venait rarement à bout. Du coup, il maigrissait à vu d’œil  et ses grands bras le faisaient ressembler à un papillon. D'ailleurs, un jour qu'il passait par sa venelle, un jour de grand vent, il s'envola !

Fantasio

dimanche 1 juillet 2018

Au fil des mots ...

Ecrire en prose à partir de : 
Sur un fil
Au fil de l'eau
Eau de vie ...
Temps d'écriture : 12 minutes

Sur un fil

Au fil de l'eau
Eau de vie
La vie est ailleurs
Ailleurs et partout
Partout et nulle part
Pars et ne te retourne pas
Pas de folie
Folie des grandeurs
Grandeur des projets
Projet de toute une vie
Vie à croquer
Croquer à pleine dents
Dans un ciel sans nuage
Age de son être
Etre acteur de sa vie
Vider son sac
Sac de voyage
Age que l'on a
A profiter de son présent
Présent sans passé ni avenir
L'avenir c'est le moment présent!

Ziza


Mais pour qui vous prenez-vous?



Mais pour qui vous prenez-vous ?
Je me prends... (d'après Jean-Marie Laclavetine)
Temps d'écriture : 12 minutes

Je me prends pour un autre, pour cent autres qui ne sont pas moi.
J'ai d'autres clés que les miennes dans les poches, un costume comme je n'en porte jamais...
Je suis DRH, pour voir l'effet que ça fait : je manie de l'humain en tâchant de ne pas y laisser ma peau et mon sommeil.
J'ai un nouveau badge et, bien sûr, une place de parking.
Je suis ce SDF de la place Maubert, ce SDF à qui, la veille, je n'accordais pas un regard. Je suis devenu contemplatif, hagard, le paradis, pour moi, c'est une pièce de deux euros, l'adresse d'un coin sûr pour dormir, un chien comme compagnon...
Je me prends pour une silhouette qui erre dans les allées de ce parc...sans passé, sans futur, juste avec quelques petits bonheurs : faire corps avec le paysage, entendre un avion qui passe, un bébé qui pleure ou simplement rien, goûter la saveur de l'air, le soleil sur ma peau.

Je ne me prends plus pour grand-monde, même pas pour moi et c'est aussi bien.

Fantasio


Ecrire d'après un tableau ...pris au hasard



A partir du tableau de Gainsborough, "les sœurs Linley"

Temps d'écriture : 15 minutes

Mais pourquoi ne me regarde-t-elle pas ? Elle, c'est l'aînée, la belle, la future Lady Hudson...alors que moi, la cadette, la moche, on s'accorde à ne me voir aucun avenir.
Elle étudie la musique, Elisabeth et ne se fait pas prier pour exhiber ses partitions devant le peintre. Moi, je prends l'air un peu lointain, je regarde vers les écuries. Oui, j'adore les chevaux...et les palefreniers, accessoirement.
Elisa est trop parfaite, elle m'énerve. Sa robe est rigueur et passion, riche de promesses. Moi, j'ai l'air d'être habillée au "décrochez-moi-ça". Des fanfreluches, des rubans, pour un garçon manqué comme moi !
Elisabeth fera un beau mariage, dont les salons bruiront longtemps. Je briserai des coeurs, je deviendrai la honte de la famille et un jour, on me mariera contre mon gré. A vingt-quatre ans, je ferai une fin avec un capitaine qui m'embarquera, direction les Indes. Pour longtemps.
Du thé, des boys, des soirées à jouer au whist avec d'autres femmes d'officiers...
j'y userai ma jeunesse. Un jour, je ferai une fugue, je me perdrai, on me ramenera et mon mari, à partir de ce moment, sera très très patient avec moi. A cause de l'entourage.
Et des enfants.
Nous en aurons deux, John, comme son père...et Andrew.
Je transmettrai au plus jeune mon ennui distingué et à l'aîné, j'espère, ma révolte. Le peintre s'active, il nous a presque terminées, tant mieux, parce que j'ai mal au cou.
Vivement qu'il ait fini, que je puisse aller boire un bon verre de brandy !

Fantasio


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A partir du tableau ci-dessus


Je suis avec mon ami de toujours, Jean. Il est venu m'arracher à mon sommeil aux aurores en tambourinant comme un fou la porte en bois de ma petite maison située rue de la Truanderie au cœur de Châtelet.
Il était très agité et confus dans ses propos. Il parlait très vite, le souffle haletant d'avoir tant couru dans Paris!
J'ai saisi quelques mots qui n'avaient aucun sens. "Vite, lève-toi! C'est une horreur! Dépêche-toi!". Je n'ai que le temps d'enfiler prestement mes chausses de cuir de moutons et hop, nous voilà à courir dans les ruelles étroites du vieux Paris jusqu'à nous retrouver sur le bord de la Seine, à tout juste une centaine de mètres de la Belle Notre Dame, la fierté des parisiens...Et là, Ô stupeur, mon cœur s'arrête de battre devant une telle scène! La scène est rouge ...rouge de sang! Des milliers de corps flottent, sans vie. La plupart de ces gens ont été sauvagement égorgés. Hommes, femmes, enfants...les corps sont multiples. Ils avancent lentement en procession au rythme du courant de la rougeoyante Seine.
C'est un massacre. Un cauchemar. Même pire qu'un cauchemar. Un cerveau en sommeil ne pourrait imaginer de telles horreurs! Seul l'homme en pleine conscience est capable du pire...
Je n'ai aucun recul. Aucune perspective sur cette scène d'horreur que je reçois si violemment et pourtant, je pressens que ce 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélémy deviendra une date majeure dans l'histoire de France. Et c'est précisément ce jour-là que j'ai cessé de croire en Dieu ...

Ziza