dimanche 14 octobre 2018

Striptoclip


Mots proposés un par un par les différents participants. Une minute environ pour chaque proposition.

Atelier : En sortant de l’atelier, je suis parti pour l'école. L’alternance, c’est sympa – sauf qu’on travaille toute le temps ! Même si c’est pour la bonne cause…
Jardinière : Il existait un magasin qui s’appelait La Bonne Jardinière. En plein Paris, c’était bizarre, en plus c’était rue de Rivoli - alors que, près du Jardin des Plantes, ce serait passé ! J’étais gamin, on m’y achetait des costumes, qu’on emportait dans une valise en carton, avec une poignée en carton et fil de fer…
Lunettes de soleil : Pour voir la vie en rose, met des lunettes roses. Parce qu’avec des lunettes noires, tu t’exposes à la déprime.
Râteau : On ne sait pas si la Belle Jardinière se prenait parfois des râteaux. En tout cas, sur ses affiches, son sourire était constant, et radieux.
Épluchures de pommes de terre : Il paraît qu’elles ont des vertus médicinales, mais dans le doute je les jette - dans le doute, et dans la poubelle. D’ailleurs, je suis bien portant, je n’ai pas besoin de remèdes même naturels.
Jardin public : Ah ! Les croisières sur le bassin de Jardin du Luxembourg, sur mon voilier trois mâts fraîchement équipé, cadeau de mon oncle pour mon anniversaire ! Et, oh ! La terrible tempête de 1992, qui le fit naufrager sans recours !
Marmaille : La marmaille qui s’habillait à la Belle Jardinière a grandi et, puisque la BJ n’existe plus, elle va chez C&A ou H&M… C’est moins poétique, mais plus moderne.
Collection :  Les collectionneurs ont des noms spécifiques : le bibliophile fait collection de livres, le copocléphile rassemble des porte-clés - mais comment s’appelle le bizarre qui fait collection… de collections ? – En plus, il n’amasse pas lui-même ses collections. Alors… !

Alain

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Jean regarde son œuvre, une larme coule le long de sa joue. Il décide de quitter l’atelier pour aller boire une bière chez Lulu.
Le café de Lulu est au coin  de la rue, la terrasse est pleine, les premiers rayons de soleil ayant fait leur apparition. Lulu a sorti les jardinières remplies de de fleurs roses et mauves.
Jean entre dans le café, il ne retire pas ses lunettes de soleil pour cacher ses yeux encore rougis de ses larmes. Lulu le regarde,  attendrie.
Il ne sait pas encore s’il va oser lui parler, lui dire enfin ce qu’il ressent pour elle. Il a tellement peur de se prendre un nouveau râteau !
Dans la cuisine derrière la porte battante en bois, tout le monde s’agite. Aujourd’hui c’est la journée de la pomme de terre. Depuis ce matin, les épluchures de pommes de terre de toutes sortes remplissent les poubelles. Les mains des cuisiniers sont collantes.
Jean ne peut parler à Lulu, ici, dans ce brouhaha. Il commence à boire sa bière, en gardant ses lunettes de soleil qui le protège et lui propose de se retrouver au jardin public à 19 heures.
Il se dit qu’à 19 heures, toute la marmaille du quartier sera partie prendre son bain pour se coucher tôt, demain il y a école. Ils seront tranquilles !


Lulu accepte sans hésiter la proposition de Pierre. Il se détend, ôte ses lunettes de soleil et regarde Lulu. Il espère alors qu’elle ne fera pas partie de sa collection d’échecs. 

Véronique


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Robert poussa la porte de l'atelier. Il faisait chaud là-dedans. De petits grains de poussière dansaient dans l'air. Au fond, il distingua une silhouette. Son ami Georges tait en train de réparer une jardinière en pitchpin. Marteau, lime, rabot, tout le matériel était aligné à côté de lui. Pour protéger ses yeux, faute de masque, il avait chaussé des lunettes de soleil ridicules. Robert lui lança entre deux rires : 

- Dis donc, si tu me parlais un peu du râteau que tu as pris hier en boite ? 

Georges se rembrunit. Il tenta de botter en touche en évoquant une épluchure de pomme de terre sur laquelle il avait glissé en dansant avec sa cavalière, Jessica de son prénom. Plus tard, ils étaient sortis dans la nuit, mais le jardin public était fermé. Jessica voulait rentrer : sa marmaille l'attendait plus ou moins, gardée ce soir-là par sa belle-sœur. 
Bah, dit Robert, vous vous reverrez. Hein...vous vous reverrez ?
Georges se concentrait sur la jardinière.
C'est une pièce de collection, soupira-t-il, il paraît qu'elle a appartenu à Sarah Bernhard.


Fantasio

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Atelier ? Vous avez dit atelier ? il en existe de toutes sortes mais il en est que je préfère. Pas les manuels en tous genres, style bricolo et compagnie : j’ai deux mains gauches et n’ai jamais été douée. Des idées de déco que je ne concrétise jamais d’ailleurs.
Ceux  que j’aime, ce sont ces jardinières de vocabulaire, ceux où l’ on écrit à partir d’inducteurs. Les mots fusent, les phrases succèdent aux mots. Nul besoin de se cacher derrière des lunettes de soleil si l’on a honte de ce que l’on écrit. Tout est accepté et la bienveillance est de rigueur. Pas de râteau pour les mêmes raisons : tout est accepté, l’humour en sus. Exemple, les épluchures de pommes de terre peuvent apparaître au centre d‘une composition florale ou dans le ventre d’une baleine : ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est de s’amuser, comme les gosses dans un jardin public que des vieux regardent avec attendrissement. Elle est déjà loin l’époque où c’était eux qui surveillaient leur marmaille  en ne se doutant pas que le temps filerait à toute allure et que peut être ils regretteraient cette époque surchargée de leur vie.

Maintenant, ils ont le temps de se rendre à des ateliers, ces fameux ateliers d’écriture qui fleurissent en collection abondante alors qu’il y a quelques années personne ne savait de quoi il s’agissait ; les gens croyaient qu’Il s’agissait de calligraphie ou de rédaction. NON non, je le crie, il n’est question là que de s’amuser et de découvrir ce qui est produit. Et là c’est la surprise totale.

Fabienne