dimanche 13 août 2017

Si j'étais un élément ...

Temps d'écriture : 5 minutes

Je viens d’un torrent.  Rapidement je descends la montagne, et roule sur les cailloux érodés par le passage de mes congénères.
Le chemin se poursuit sous la terre. Je rencontre le sable des nappes phréatiques, le sombre du sous-sol, tout est calme jusqu'au moment où, aspirée, ma route me conduit vers des artères rigides. Dans ces tuyaux, on me réchauffe, je sors en pluie à la lumière par de petits trous et découvre une matière inconnue. La peau, peau douce où je coule lentement sur une épaule, caresse un dos, glisse sur une cuisse, délice.
Je suis une goutte d'eau.
Patricia

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Je me suis toujours demandé ce que je serais si j'étais un élément. En fait, mon astrologue chinois m'a assuré que j'en avais déjà plusieurs dans mon signe astral, ce qui n'a pas manqué de me troubler. Je m'explique, quand je lui ai demandé de combien des dits éléments je disposais, il me répondit air, terre, eau, feu et métal. J'acceptais cette explication mais cependant cela ne fit qu'ajouter à mon trouble initial. Les choses devenaient de moins en moins simples pour moi à mesure que le nombre des éléments exposés augmentait. Il y en avait donc cinq, plut au Ciel qu'il n'y en ait pas eu un de plus, cela serait devenu incontrôlable. J'ai alors demandé à mon astrologue si je les avais tous et dans quel ordre. Il me rassura en me disant qu'il n'y en avait qu'un. Alors, que fallait-il faire pour mettre la main sur cet élément qui se dérobait, qu'elle était la méthode? Il m'indiqua qu'il nous faudrait déterminer aussi un compagnon de route. Je me suis alors demandé si la situation ne devenait pas confuse, je mélangeais le signe, l'élément et le compagnon de route, c'était donc ingérable. Je choisissais donc d'abandonner ma recherche et de laisser là mon astrologue, il n’avait pas su répondre à ma question.

Gérard


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Si j’étais un élément, je ne serais pas une planche, même de « salut » parce que le bois ça brûle.
Je ne serais ni sel ni sucre, pour ne pas fondre, même de plaisir.
Je ne serais pas le sol de la terre car elle rétrécie quotidiennement.
Je ne serais ni la lune ni le soleil car ils sont trop fuyants et n’assurent pas de permanence.
Je serais la mer, source de vie marine ballottant les navires, les croisières de luxe, les régates et les courses de pirogues. Je serais le lien de tous les continents, léchant leurs plages avec délice aux grands bonheurs des amoureux ou me fracassant avec violence sur les rochers aux pieds des marins burinés.

Donc pour la rime, si j’étais un élément, je serais l’océan.

Avantscene  


Décrivez votre égo

Temps d'écriture : 10 minutes



La description d'un ego est quelque chose de compliqué ; je n'ai pas vraiment envie de faire un catalogue exhaustif de l'ensemble de mes qualités et de mes défauts, ces deux notions étant hautement subjectives et n'ayant de valeur que par rapport à ceux qui nous observent. Non, en fait, en matière d'ego, je pense être monumental, oui, le terme me plaît beaucoup. Il y a des ego qui se comparent à des montagnes, mais certains sont bien plus incommensurables encore. Ce sont des massifs montagneux, des chaînes à l'images des Alpes ou bien encore de l'Himalaya. Où est le mien d'ego dans cette échelle de comparaison, je ne sais pas. Mais il n'en reste pas moins qu'il est démesuré. Cependant, je suis très doué pour dissimuler, je cultive ce don, parmi tous ceux dont je dispose, modestement, ce qui me permet de cultiver un autre don, celui de me sortir à mon avantage de toutes les situations sans jamais être atteint, ainsi nul ne mesure l'étendue de mon arrogance. Donc avec un ego de cette taille je ne puis être que le maître du monde, un soleil brûlant, ce dont nul ne pourra nier l'évidence.

Gérard


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Mon ego ? Je ne pense pas avoir d’ego. J’accepte la critique et ne veut pas être toujours la meilleure. Mais si je cherche bien au fond du placard, rayon honnêteté de mon cerveau, mon ego peut se révéler lorsque j’exerce ma profession. Dans le domaine que j’ai tant étudié. Il est là mon petit ego, prêt à se dresser sur ses ergots, prêt à lancer quelques mots d’argot…. Mais il est bien caché et sort très peu en société.

Avanscene

Le coeur à marée basse



Le cœur à marée basse
L’eau est toujours froide, je savais qu’il était idiot de choisir la mer du Nord en septembre comme destination de vacances.
J’ai écouté les vagues hurler toute la nuit et ce matin la marée est désespérément basse avec ce ciel gris qui lui va si bien. Un kilomètre pour rejoindre l’eau en marchant sur le sable sans dune.

La balade m’aura réchauffée ? La mer est là, les pieds s’essaient à la température, supportable ; les mollets suivent imperturbables, je m’aventure encore, le passage de la taille me cisaille, encore deux pas et je baignerai mon cœur à marée basse.
Patricia
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Le cœur à marée basse
Le mien a connu des marées hautes
Mais il est à marée basse à présent
C'est le calme
Le calme plat
Rien à l'horizon
Pas une mouette
Que des bateaux échoués
Vestiges d'un passé oublié
Le vent a cessé de se lever
Un cœur contemplatif
Au repos forcé
Les orteils dans le sable mouillé
Un cœur méditatif
Un peu oublié
Et au ralenti
Cela ressemble aussi
A la crise du milieu de vie ...

Ziza



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Un cœur en permanence à marée haute finirait par s’y noyer. La marée basse est une pause. Sur une plage on s’y repose. On y déniche des coquillages, quelques espars, des petits trous d’eau dans les rochers ou une étoile de mer qui nous fait rêver. Puis, quand la marée remonte, on est fin prêt pour plonger notre cœur dans un océan de bonheur.

Avanscene





Poésie urbaine (d'après un collage du street artiste Fred Le Chevalier)



Une petite bonne femme au cœur de soleil
Qui illumine ce mur blessé
Et qui apporte un peu de poésie volée
Aux passants de cette rue désertée

Une petite bonne femme au regard enjoué
Qui offre de la magie par pincée
Aux badauds qui osent lever le nez
Et qui un bref instant se surprennent à rêver

Une petite bonne femme aux lèvres rouges
Qui donnent envie d'embrasser
La vie de notre quotidien ordinaire
Pour le transformer en extra-ordinaire

Une petite bonne femme de papier
Qui a changé mon regard aveugle
Sur cette poésie des rues colorée
Lors de mes balades dans le quartier 

Ziza


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Il s'est fichu de moi le Fred ! Est-ce que j'ai une tête d'hydrocéphale posée sur un cou de girafe avec un front de matheux, un nez en cure-dent et une bouche de canard. N'oublions pas les bras et les guibolles à la Faisant... Jacques.


Ou alors il s'est pris pour Giacometti.... il l'a drôlement mal revisité !


Patricia

samedi 5 août 2017

- Tu as deux minutes pour partir d'ici! / - Attends il faut que je t'explique (dialogue à écrire)



V – Tu as deux minutes pour partir d’ici…
J - Attends, il faut que je t’explique.
V – Il n’y a rien à dire de plus. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.
J – Valentine…au nom du passé !
V – Moi aussi je peux dire ton prénom, Jérôme et le répéter, Jérôme, Jérôme… ça ne fera pas avancer les choses. De toute façon, moi, je pars !
J – Mais c’est une location qu’on a pour dix jours…
V – Eh bien on n’en aura profité que deux. Voilà.
J – C’est si grave que ça, ce que tu me reproches ?
V – Impardonnable. (un temps)
J – Bon, je boucle la valise et je te rejoins.
V – Allez, presto, presto !
(Plus tard, en voiture)
V – Je te dépose à la gare ?
J – S’il te plaît, oui… (Un temps, puis) Tu me manqueras.
V – Mouais. Ce qui te manquera, c’est ma voiture, mon appart’… avoue que c’était commode.
J – Là, tu exagères. Quand je pense que j’étais aux petits soins, à la fois proche et pas trop envahissant, t’écoutant, essayant de te faire plaisir…
V – De TE faire plaisir, surtout ! Quand je pense que je t’ai surpris à piquer dans mon sac à mains !
J - Piquer quoi ? Rien du tout. J’avais écrit une ou deux cartes postales à des copains et je voulais voir si, par hasard, tu n’avais pas des timbres…
V – No comment.
J – Mais, je t’assure !
V – Voilà la gare de Beaune, ça me dispensera de te répondre. (La voiture s’arrête doucement)
J – Valentine…
V – Quoi ?
J – Euh ? Non, j’ose pas. Tu vas encore te mettre en boule.
V (avec un soupir) - Vas-y !
J – Tu pourrais pas m’avancer le prix du billet?

Fantasio

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A : Tu as deux minutes pour partir d’ici.
B : Attends, il faut que je t’explique.
A : Attention je vais me fâcher !
B : Faudrait savoir, tu te plains qu’on ne communique pas assez, je viens te parler et ça ne va pas non plus !
A : Bon, j’appelle la sécurité.
B : Attends, attends. Bon d’accord j’ai compris, c’est moi qui vais t’écouter. Je sens que tu as besoin de libérer ta colère. Alors vas-y je suis toute ouïe. Libère, (il inspire) j’accueille.
A : T’as vraiment un don pur m’énerver, c’est fou.
B : C’est ça, vas-y, continue, libère, exprime, expulse (il inspire et expire fort de nouveau).
A (à un vigile) : Excusez-moi monsieur. Pourriez-vous m’aider je vous prie ? Ce monsieur m’importune.
C : Bonjour monsieur. Alors comme ça on importune les dames ? On va vous demander de sortir s’il-vous-plaît.
B : Non mais monsieur, il y a un malentendu. C’est ma femme.
A : Pas du tout. Je ne connais absolument pas cette personne.
C : Bon il va falloir vous mettre d’accord.
A : Je vous assure, je ne connais pas ce monsieur. Il ne cesse de me harceler depuis que je suis arrivée.
B : Ah ça c’est vache ! C’est vraiment vache ! Puisque c’est comme ça je m’en vais.
A : C’est ça, enfin tranquille !... Attends… Attends je te dis.
B : Quoi attends ?
A : Il faut qu’on se mette d’accord pour l’étagère du salon.
C : Mais vous vous connaissez alors ou pas ?
A : Laissez-nous tranquilles vous, vous ne voyez pas qu’on discute ?
B : C’est vrai ça, c’est dingue cette manière de s’immiscer dans l’intimité des gens !
C : Bon ben débrouillez-vous ! (Il part en bougonnant)
A : Oui, l’étagère du salon… Je sais que c’est ta mère qui nous l’a donnée, en même temps je l’aime bien, je la trouve assez pratique.
B : T’as qu’à la garder, y a pas de problème.
A : Mais si tu veux la prendre, je comprendrais.
B : Non non ça va, je t’assure. C’est bien comme ça.
A : T’es sûr, vraiment ? Parce que ça me gênerait pas…
B : Non c’est bon, garde-là je te dis.
A : Bon, ben d’accord alors. Merci. Mais t’es vraiment sûr ?
B (commençant à s’impatienter) : Oui ! (se radoucissant et s’apprêtant à partir) Prends soin de toi.
A : En même temps je pense que ce serait mieux que chacun récupère ses affaires. Symboliquement ça me semble plus juste.
B : Tu sais que t’es chiante ?
A : Ah ça y est, tu redeviens désagréable !
B : Mais tu sais aussi que ça me plaît ?
A : Ah oui ?
B : Oui.
(Temps)
A : Bon… Tu voulais me parler tout à l’heure ? Je veux bien t’écouter.
B : Non mais c’est bon, c’est parti là.
A : Ca suffit, tu vas pas recommencer.
B : Ok. Alors je voulais te dire que j’ai compris… je comprends ce que tu as pu ressentir. Vraiment. Je suis désolé. Sincèrement et profondément désolé. Je te demande pardon. Tu es une femme formidable et moi j’ai tout planté. Je suis un naze. Je ne veux pas te perdre. Je ferai ce qu’il faut, je t’assure.
A : Mouais… Tu veux qu’on dîne ensemble pour en parler ?
B : Oui bien-sûr ! Merci, je te remercie vraiment.
A : Juste pour parler, que ce soit bien clair.
B : Oui oui évidemment ! Ca représente déjà beaucoup pour moi. (Un peu gêné) Vas-y je te rejoins tout de suite, j’ai juste un petit coup de fil à passer.
A : Non mais je rêve, c’est elle que tu veux appeler ?
B : Mais pas du tout, qu’est-ce que tu vas chercher ?
A : Tu as deux minutes pour partir d’ici.
B : Attends, il faut que je t’explique.

Agnès-Sarah

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A. Tu as deux minutes pour partir d'ici!
B. Attends il faut que je t'explique!
A. Que tu m'expliques quoi?! Il n'y a rien à expliquer! Je veux que tu partes.
B. Je partirai si tu le souhaites mais pas sans t'avoir donné une explication.
A. Tu as deux minutes. Je t'écoute.
B. Les apparences sont quelquefois trompeuses. Et c'est précisément le cas cette fois-ci.
A. Dis que je suis un idiot, ne te gêne pas!
B. Ah ça y est, tout de suite, les grands mots! Tu ne peux donc décidément pas t'en empêcher!
A. Comment ça, comment veux-tu que je réagisse autrement?! Ça fait 30 ans que tu me fais le coup!
B. Quoi, 30 ans??? Tu ne crois pas que tu exagères un peu là tout de même?!?
A. Mais pas du tout. C'est justement la tout la problème. On en revient toujours à ça!
B. Bein oui, on en revient toujours au même précisément à cause de toi!
A. Et bien oui, j'assume! Je n'ai toujours pas digéré cette histoire, même si elle date de 30 ans!
B. Et bien parlons en justement une bonne fois pour toute afin de régler ce vieux contentieux entre nous qui revient sur le tapis à chaque engueulade.
A. Je suis d'accord avec toi. Mais malheureusement tes deux minutes sont écoulées. Tu peux partir à présent!


Ziza


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A – Tu as 2 minutes pour partir d’ici
B – Attends, il faut que je t’explique
A – M’expliquer quoi ? Ca me semble clair, il manque une partie de la planète !
B – Il manque seulement le rose de l’Arc-en-ciel
A – C’est bon, j’ai vu, tu t’es bien servi de la seule partie vendable !
B – Ecoutes moi, on vit là depuis que la terre a explosé, on est bien et de mieux en mieux depuis que l’on a découvert que la partie Rose de l’Arc-en-ciel fondu a le même effet que les amphétamines.
A – Ok, et qu’as-tu fait des morceaux disparus ?
B – Je stocke, je crée le manque
A – Tu voulais tout garder pour toi ?
B – Mais non, je t’en aurais parlé quand le stock aurait été assez important
A – Ca sert à quoi, il n’y a plus de monnaie ?
B – On les fait tous bosser pour nous en échange de leurs doses
A – Bosser sur quoi ?
B – Sur un engin spatial en forme de flèche pour se barrer de l’Arc… il ne tiendra pas longtemps
A – Tu veux faire travailler des mecs bourrés d’amphétamines sur la construction d’un engin spatial ? On n’est pas prêt de décoller !
Patricia

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Tommy, le dogue allemand : Tu as deux minutes pour partir d’ici.
Minouchka, la chatte angora : Attend, il faut que je t’explique.
T : Je sais ce que tu vas dire Minouchka !
M : Mais écoute-moi Tommy.
T : Oui, quoi, quelqu’un a parlé ?
M : Bon, je m’excuse… Je n’aurais pas dû taper dans tes croquettes
T : Si encore ce n’était que ça…
M : Bon je m’excuse… Je n’aurais pas dû uriner dans tes croquettes. Mais, qu’est-ce que tu veux… C’est l’instinct. J’ai besoin de délimiter mon territoire.
T : Au milieu de ma gamelle de croquettes…
M : C’est comme ça, c’est une frontière historique qui date de 1380. Mon ancêtre le baron de Minouchka tient ce privilège du roi Charles V.
T : Oui ben mon ancêtre le citoyen Tommy a été l’un des premier, le 5 août au matin, a abolir les privilèges. Donc ta frontière, tu peux te la …
M : Oui, je sais. Je connais ton langage imagé. C’est vrai que nous ne sommes pas du même monde. Manant, paltoquet, cul terreux…
T : Oh mais excusez votre grandeur, votre seigneurie… Je suis peut-être un manant, mais moi je n’urine pas dans les gamelles…
M : Tu n’as aucun sens de l’honneur et du devoir envers les ancêtres… Roturier…
T : Oui mais toi… Chut, silence, la maîtresse revient.
M : Miaou…
T : Ouaf, ouaf…
M : Miaou…
T : Ouaf, ouaf…


Philippe

Le scriptoclip (ou marathon des mots des écrivants : inclure les mots imposés toutes les 30 secondes par les participants)



-          Encore du lapin !
Les enfants tordaient le nez en regardant le plat fumant que leur grand-mère apportait. Ils ne tenaient pas tant que ça à dîner, pressés qu’ils étaient de sortir pour rejoindre le carnaval. Laure, la plus jeune, était justement déguisée en Pompadour. Rubans, dentelles et le bleu, le grand bleu de sa robe éblouissaient Max et Jonathan, ses deux frères. Jonathan profita de l’absence de la grand-mère : Il faut passer à l’action ! chuchota-t-il et, à pas de loup, ils se dirigèrent vers la porte principale. La grand-mère courut après eux, les rattrapa devant la maison et assena une terrible gifle à Jonathan, le dangereux meneur. – Un jour d’élections, en plus, se plaignit la grand-mère. Comme si je n’avais que ça à faire : la politique, vous préparer les repas, veiller à ce que vous ne manquiez de rien !
Ils revinrent  vers le pavillon, les enfants grognons et la grand-mère, outrée. – Tiens, dit-elle en regardant vers la rue, voilà Jojo sur son scooter ! Je n’ai pas de chronomètre, mais je parierais qu’il va arriver au bout de la rue en moins de huit secondes. – Allez- réveillez-vous, les enfants et rentrez, ajouta-t-elle en les poussant dedans.  Ils retrouvèrent leurs assiettes, s’assirent, se tortillant sur leurs chaises.
Quelle journée ! Tout le monde avait hâte qu’elle se termine, carnaval ou pas. 

Fantasio

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Un petit lapin gambadait à travers champs, humant les fleurs et le vent frais, reniflant souris et mulots, carnaval de senteurs fraîches et alléchantes.
Mme de Pompadour sortit du château « Le Grand bleu » où elle s’était réfugiée loin de la Cour avec le roi.
Alors qu’elle avançait vers le parc fleuri, elle surprit le lapin en pleine action, gambadant et humant les musaraignes.
Attendrie, elle appela le roi, resté à l’intérieur derrière la porte afin de partager son bon plaisir.
Mais ce fut une gifle. Le roi avait bien mieux à faire que de se préoccuper de lapins et de musaraignes : le peuple se mettait désormais à réclamer des élections, mais où donc allait la politique ?
Mme de Pompadour s’en moquait bien et cette fameuse politique qui accaparait son roi lui devenait de plus en plus envahissante.
Un conseiller arriva en scooter apporter les derniers dossiers importants. Exaspérée, Mme de Pompadour mit en route le chronomètre et prévint le conseiller : « Vous avez une heure, après je viens vous réveiller et vous mets dehors. »
Le conseiller obtempéra et exposa tout d’abord au roi la requête de la reine au sujet des assiettes pour accueillir le roi du Danemark : serait-il plus judicieux de sortir la vaisselle en or, en argent, ou en porcelaine ?
Mme de Pompadour, qui écoutait d’une oreille discrète à la porte, soupira : tout le monde, même la reine, conspirait à ruiner sa journée et son intimité avec le roi !

Agnès-Sarah



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Le lapin vert ne court plus après le temps à en perdre haleine.
Il ne veut plus perdre son temps au carnaval avec la Pompadour à boire des citrons pressés à la terrasse du Grand bleu.
L'action ne l'intéresse plus. Il veut désormais se consacrer à la méditation afin que cette pratique lui ouvre un nouvel horizon, une nouvelle porte
Il s'est pris trop de claques dans la vie, il ne veut plus recevoir d'autres gifles.
Il veut à présent choisir. ..l'élection lui parait pertinente, voire évidente! Mais pas l'élection politique, mais l'élection de son nouveau chemin de vie.
Pour cela, pas besoin de scooter ou autres modernités inutiles. Encore moins d'un chronomètre. Il se réveille enfin! 
Sa vraie vie l'attend et personne ne viendra désormais piquer dans son assiette.

Toutes ses journées lui appartiendront jusqu'au petit matin...

Ziza


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Il m’a posé un lapin, un lapin blanc d’hiver. Carnaval, je m’étais déguisée en Pompadour pour lui plaire, ses fantasmes historiques m’ont toujours amusée…
Le grand blues ou le grand bleu, plus d’action… Venise, je cherche un gondolier qui m’ouvrira la porte d’une nuit d’ivresse sur la lagune pleine de monde. Après cette gifle, je ne suis pas prête d’aller à son élection, les hommes politiques, il faut les fuir même en scooter !
Je déambule dans les rues sans chronomètre, j’ai le temps maintenant, demain je me réveillerai au Danieli dans les bras du portier musclé, lui au moins ne cassera pas d’assiettes comme l’autre excité. La journée sera claire, les cotillons de la veille parsèmeront les rues désertes.

Patricia

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Le lapin sort de son terrier.
Bon, qu’est-ce qu’il me faut ? 3 kg de carottes, 2 billets pour le carnaval de Lapinland. Faut que j’aille chez Odette rue de Pompadour. Elle pourra me confectionner un habit pour le carnaval. Cette année, j’aimerais être déguisé en renard. Zut, je me suis cogné, j’ai un grand bleu sur ma cheville. Bon restons dans l’action.
-          Ah salut Odette. Tu vas bien ?
-          Tu as deux minutes pour partir d’ici…
-          Attend, je t’explique…
-          Éloigne-toi de la porte.
-          Mais pourquoi ?
-          Parce que je n’aime pas les lapins. Les lapins, ils sont bêtes.
-          Salope... Tiens prend cette gifle.
-          Et ben, aux prochaines élections, je ne voterai pas pour toi.
-          Je m’en fiche, je n’ai pas besoin de toi pour faire de la politique.
-          Bon j’emprunte ton scooter.                                                                        

Et hop, me voilà à Venise. Mon chronomètre me dit qu’il me reste deux minutes pour prendre le vaporetto. Ah, la place Saint Marc. Je suis lessivé. Je suis réveillé par les cloches de la basilique. Une assiette de pâte à l’artichaut, un verre de limoncello et hop, c’est le carnaval. Ben non, je ne suis pas déguisé en lapin, je suis un lapin. Quoi, c’est moi qui ai le costume le plus original…

Philippe

Et neuf mois plus tard, je suis né(e) - avec comme inducteur la photo de Brassaï ci-dessous (Couple d'amoureux, 1932)



Ils se blottissaient l’un contre l’autre, elle sentait contre son front le bord du chapeau de mon père. – Quelle idée, aussi avait-il …de toujours mettre ce chapeau ? Elle soupira, se rappelant qu’en fait, il était prof et très jeune, vingt-deux ans… alors il avait adopté ce feutre pour se vieillir. Et il le gardait, pourquoi ? Ce soir où il faisait encore doux. Ma mère, elle, avait dix-neuf ans. Elle ne sortait après dîner qu’avec l’aval de sa propre mère, une maîtresse-femme, institutrice de métier.
Tout ceci se passait dans une petite ville du centre de la France. Ils étaient venus à la fête, cotillons, manèges…, mais à présent la fête était finie. Minuit sonnait, il fallait rentrer. Lui, hébergé par sa tante, depuis la mort de ses parents, n’avait pas ce problème. Elle respira profondément, à la fois pour dire qu’elle était bien et, en même temps, pour suggérer qu’il faudrait qu’ils bougent.  Il saisit les deux intentions. Une dizaine de kilomètres les séparait du village où elle vivait. Il la déposerait d’abord, bien sûr, puis bifurquerait vers St-Martin-du-Gué pour  aller chez lui.

Il y avait des chaises vides autour d’eux. Et une charrette. Son scooter était garé derrière. Le vent les rafraîchit dès qu’ils furent partis et l’air leur fit du bien. Les bords de la route fuyaient dans la lumière du phare. A Gignac, enfin c’est le village que crut reconnaître ma mère, le moteur du scooter toussa et s’interrompit sur un dernier hoquet. Quoi faire ? Finir à pied ? Oui, c’était possible. Ce qu’ils firent, heureux, finalement, de traîner encore en route, grâce à cet incident qui les rapprochait. Comme il était encore loin de chez lui, la terrible mère de ma mère consentit, de mauvaise grâce, à le laisser dormir sur le canapé du salon. Elle leur souhaita une bonne nuit d’un ton rogue et, un peu rougissante, ma mère se rapprocha de son fiancé pour lui dire bonsoir.  Le contact s’éternisait. Il prit alors l’initiative d’éteindre la lumière et de l’entraîner vers l’escalier.
Une porte. Sa chambre à elle.


Elle sourit dans le noir, sans protester particulièrement quand il s’assit à côté d’elle sur le lit.

Fantasio 


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Hiver 54. Les rues de Paris sont glaciales. La nuit est déjà tombée. Les rares passants se pressent pour retrouver leur foyer en se réjouissant de se retrouver autour du poêle.
C'est en hiver 54 que l'abbé Pierre lance son appel pour recueillir les plus démunis qui meurent de froid dans la rue.
Ce soir-là, le patron d'une petite imprimerie du 11ème sort de son entreprise vers 19h00. A peine sorti, le froid le saisit déjà. Il relève le col de son manteau pour se protéger. Son chapeau de laine, ses gants de cuir et son manteau en cachemire ne l'empêchent pas de ressentir ce froid sibérien. Il presse le pas afin de rejoindre son appartement situé à quelques rues de là.
Il traverse comme à son habitude le petit square quand tout à coup, il distingue une silhouette toute recroquevillée assise sur une chaise sous les grands arbres nus. Il s'approche presque machinalement car cette situation l'interpelle. Comment peut-on rester ainsi dans ce froid polaire?
Il s'approche et voit une jeune femme d'une trentaine d'année. Son regard est vide. Elle paraît absente à elle-même. Tellement absente que son corps ne réagit plus aux stimuli du froid polaire de cette nuit qui s'annonce particulièrement glaciale.
L'homme se sent désemparé devant cette femme mais il ne laisse pas son cerveau tenter une analyse qui sera de toute façon vaine... Il se laisse guider par son instinct. Il saisit une chaise en fer posée à quelques mètres de là, et la dépose à côté de celle de l'inconnue et s'assoit avec une grande délicatesse mais elle réagit pas à sa présence. C'est alors qu'il passe son bras avec beaucoup de douceur autour des épaules de l'inconnue. C'est à cet instant-là que l'homme sent un relâchement presque imperceptible du corps de la femme...


C'est ainsi que mes parents se sont rencontrés : et neuf mois plus tard, je naissais ...

Ziza


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Je coupai le moteur, reposai la tête contre le siège de la voiture et respirai un grand coup. Le cœur me battait fort dans la poitrine et mon souffle était court. J’avais envie de pleurer. Tout à coup, je doutai de ma détermination et eus presque envie de faire demi-tour. Trente-cinq ans pourtant que j’attends, que j’espère, trente-cinq ans de rêve, de doutes, d’imagination, trente-cinq ans à avoir besoin de repères, besoin de découvrir qui je suis pour pouvoir enfin me construire.
Voilà cinq ans que je me suis enfin décidé et que j’ai entamé mes démarches. Encouragé par Jeanne que j’avais rencontrée quelques mois plus tôt et que je voulais déjà épouser. Mais elle avait compris que pour cela, pour pouvoir avancer, pour pouvoir bâtir avec elle, je devais d’abord mettre un visage, des mots, une histoire sur des points d’interrogation laissés en suspens depuis si longtemps, depuis toujours.
Mes parents ont compris. Ils ne m’ont jamais rien caché. Bien qu’ils ne m’aient rien demandé, je les ai rassurés : quoi que j’apprendrai, quoi que je découvrirai, vous serez et resterez mes parents. Ma mère s’était mise à pleurer.
C’était vrai, oui bien-sûr, mais je lui ai tu que malgré tout l’amour qu’elle avait su me donner, je ne m’étais jamais endormi enfant sans rêver longuement dans mon lit au regard et à la chaleur de celle qui m’avait mis au monde et que je n’avais jamais connue. Non, puisque je suis né sous X et que l’on m’a adopté tout petit.
J’ai été chanceux dans mon malheur, Jean et Bernadette ont été bons et aimants. Malgré cela, toujours cette sensation, cette impression de vide logée au creux de mon ventre, ce trou qui n’a jamais pu être comblé ni rempli.
J’ai attendu, questionné, espéré, prié. Mes parents m’ont expliqué que lorsque je suis né, la loi interdisait encore de garder et de transmettre le moindre renseignement. C’était hélas sans espoir. En grandissant j’ai voulu oublier, croire que je n’avais pas besoin de savoir, croire même que je ne le voulais pas. En effet, et si la réalité se révélait terrible ? Tous mes beaux rêves d'enfant s’effondreraient. Ce serait un drame. Mieux valait ne pas savoir.
Mais c’était faux. Je n’arrivais pas à avancer. Sans racines, sans passé, sans identité, je me sentais en tout lieu perdu et étranger, étranger à moi-même, étranger à ma propre histoire.
Alors j’ai sauté le pas. J’ai fait le grand saut. Toujours pas le droit d’obtenir le moindre renseignement sur mes parents biologiques. Sur les conseils d’une association que j’ai contactée, j’ai alors posté une photo de moi avec une annonce sur les réseaux sociaux. De partage en partage, de commentaires en likes, ma bouteille jetée à la mer a fini par trouver une réponse… Je reçus le mail d’une vieille dame qui prétendait être ma grand-mère, la mère de ma mère de naissance, celle qui m’avait mis au monde mais qui n’en faisait déjà plus partie. Je fus totalement bouleversé, à la fois si heureux de recevoir son message ému et de retrouver une bribe de mon histoire, et en même temps effondré d’apprendre que jamais je ne pourrai goûter aux bras de celle dont j’ai tant rêvé.
Je suis là, devant la petite maison aux volets verts où vit cette vieille dame. Il est 14h, l’heure de notre rendez-vous. Je respire de nouveau un grand coup et me décide à quitter mon habitacle, dernier rempart contre la vérité, et à sonner à la porte.
Une petite dame aux cheveux blancs m’ouvre. Les yeux brillants d’émotion, elle porte la main à sa bouche : « Mon Dieu, mon Dieu, c’est toi… euh vous. Entrez, entrez donc. »
Je m’avance, le cœur battant la chamade, et m’installe à la table de la cuisine où m’attendent thé et petits gâteaux sur la toile cirée aux motifs fleuris. La dame s’assied en face de moi. Elle me regarde longuement, elle est si émue que sa voix étranglée ne lui permet pas de parler. Je n’en mène pas bien plus large.
Après de longues minutes de silence que ni l’un ni l’autre ne parvenons à rompre, elle se lève enfin et prend sur le buffet verni une vieille photo d’un couple enlacé sur un banc et la pose devant moi. «Voilà, me dit-elle. Neuf mois plus tard, vous êtes né. C’est une longue histoire. »

Agnès-Sarah


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Je regarde la seule photo retrouvée après l’explosion de la maison…

Ils s’étaient rencontrés au jardin des plantes, John visitait Paris, entre autre, en fait il terminait un tour d’Europe par une conférence sur les avancées dans le spatial à Paris, avant son envol.

Comme tout bon américain à la fin des années 50 il se sentait en pays conquis, il l’a conquise la jolie parisienne, même son accent à mâchouiller du chewing gum l’a émue.

Lili faisait des photos de quelques arbres en se promenant dans le jardin, il s’est posé devant l’appareil, interloquée par ce qu’elle voyait dans l’œilleton elle n’a pas déclenché, a éloigné ses yeux du viseur pour les poser dans les siens, … flash, coup de foudre, étincelles…

Ils se sont parlés, ont rit, se sont aimés quelques jours, les plus beaux de la vie de Lili, paraît-il. Je suis né 9 mois après, lui, a explosé dans la navette qui le ramenait de son périple lunaire…

Lili a sucé le passé comme un bout de zan….
Patricia

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9 mois après, je suis mort et né la même journée. De toutes manières, mon père avait violé ma mère qui était sa demi-sœur. D’ailleurs, ils ne se souvenaient de rien avec tout ce qu’ils avaient bu. Ils étaient dans le déni ainsi que toute la famille. Et moi, dans tout ça, même pas baptisé, je flottai dans les limbes entre enfer et paradis. Pour un mauvais départ, c’était un mauvais départ. Je remplissais une demande pour être réincarné.
- Oh, sait pas bien lire celui-là, gueula Saint Pierre, on n’est pas chez les indiens ici… 
- Les hindous, fis-je.
- Oh l’mioche, t’as même pas un jour, tu vas pas m’apprendre la vie…
Pas sympa le Pierrot !
- Bon, je pourrais pas avoir des ailes au moins comme l’autre là-bas…
- C’est à Gaby que tu parles comme ça, fit l’archange Gabriel et Marie, fout moi ce moutard à la crèche.
- Et oh, ça va pas, firent l’âne et le boeuf… On fait pas garderie.
Vraiment personne ne voulait de moi. Je décidai de remonter le Styx.
Oh le gros toutou…
- Gamin, tu t’éloignes, fit Cerbère, ou de mes crocs acérés, je fais de toi d la viande hachée.
Je partais mais auparavant, j’urinais dans sa gamelle.
C’est pas une vie la mort ! A peine, un jour que je suis né et mort. Je m’endormis et rêvais.
Je me voyais au bras d’une jolie maman et d’un bon papa aimant.
      - Où sommes-nous Jolie maman et Bon papa.
      - Nous sommes à la prison du temple, fit a jolie maman, et l’on vient chercher ton père pour le guillotiner. Ecoute Louis XVII, va jouer avec tes legos, ça va s’arranger.
Méfiant, je décidai de me réveiller et la je vis le soleil se lever.
J’en étais à mon deuxième jour.
- Encore ce mioche, gueula saint pierre, eh Gaby, ramène-le sur terre.
Et là, je me retrouvais dans une belle et grande maison, une espèce d’auberge.
-          Va chercher de l’eau, m’ordonna un homme
-          Mais, il fait nuit noire…
-          Eh Cosette, obéis, sinon, je te donne au soldat.
-          Mais je suis un garçon !!!
-          Pas grave, ils sont homos.
J’allai à la fontaine et là je rencontrai la belette magique qui m’emmena sur un nuage de lait au fin fond du pays des elfes. Et là, je grandissais, grandissais et devins un géant. J’allais chez André, mais il n’avait pas de chaussures de 80 de pointure.
            Do do, l’enfant do, l’enfant dormira bientôt…
J’étais dans les bras de maman qui sortait de la clinique. Mon papa, nous attendait dans la voiture. Il était tout fier d’avoir un beau garçon comme moi, tellement fier qu’il avait un peu bu… Tellement heureux de me regarder tout le temps qu’il ne vit pas le trente tonnes. Il freina mais je traversai le pare-brise.
« Putain ! Encore ce mioche », fit Saint Pierre en ouvrant la porte.
Philippe