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Encore du lapin !
Les enfants tordaient le nez
en regardant le plat fumant que leur grand-mère apportait. Ils ne tenaient pas
tant que ça à dîner, pressés qu’ils étaient de sortir pour rejoindre le
carnaval. Laure, la plus jeune, était justement déguisée en Pompadour.
Rubans, dentelles et le bleu, le grand bleu de sa robe éblouissaient Max
et Jonathan, ses deux frères. Jonathan profita de l’absence de la
grand-mère : Il faut passer à l’action ! chuchota-t-il et, à
pas de loup, ils se dirigèrent vers la porte principale. La grand-mère
courut après eux, les rattrapa devant la maison et assena une terrible gifle
à Jonathan, le dangereux meneur. – Un jour d’élections, en plus, se
plaignit la grand-mère. Comme si je n’avais que ça à faire : la politique,
vous préparer les repas, veiller à ce que vous ne manquiez de rien !
Ils revinrent vers le pavillon, les enfants grognons et la
grand-mère, outrée. – Tiens, dit-elle en regardant vers la rue, voilà Jojo sur
son scooter ! Je n’ai pas de chronomètre, mais je parierais
qu’il va arriver au bout de la rue en moins de huit secondes. – Allez- réveillez-vous,
les enfants et rentrez, ajouta-t-elle en les poussant dedans. Ils retrouvèrent leurs assiettes, s’assirent,
se tortillant sur leurs chaises.
Quelle journée !
Tout le monde avait hâte qu’elle se termine, carnaval ou pas.
Fantasio
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Un petit lapin gambadait à travers champs, humant les fleurs et le vent frais, reniflant souris et mulots, carnaval de senteurs fraîches et alléchantes.
Mme de Pompadour sortit du château « Le Grand bleu » où elle s’était réfugiée loin de la Cour avec le roi.
Alors qu’elle avançait vers le parc fleuri, elle surprit le lapin en pleine action, gambadant et humant les musaraignes.
Attendrie, elle appela le roi, resté à l’intérieur derrière la porte afin de partager son bon plaisir.
Mais ce fut une gifle. Le roi avait bien mieux à faire que de se préoccuper de lapins et de musaraignes : le peuple se mettait désormais à réclamer des élections, mais où donc allait la politique ?
Mme de Pompadour s’en moquait bien et cette fameuse politique qui accaparait son roi lui devenait de plus en plus envahissante.
Un conseiller arriva en scooter apporter les derniers dossiers importants. Exaspérée, Mme de Pompadour mit en route le chronomètre et prévint le conseiller : « Vous avez une heure, après je viens vous réveiller et vous mets dehors. »
Le conseiller obtempéra et exposa tout d’abord au roi la requête de la reine au sujet des assiettes pour accueillir le roi du Danemark : serait-il plus judicieux de sortir la vaisselle en or, en argent, ou en porcelaine ?
Mme de Pompadour, qui écoutait d’une oreille discrète à la porte, soupira : tout le monde, même la reine, conspirait à ruiner sa journée et son intimité avec le roi !Agnès-Sarah
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Le lapin vert ne court plus après le temps à en perdre haleine.
Il ne veut plus perdre son temps au carnaval avec la Pompadour à boire des citrons pressés à la terrasse du Grand bleu.
L'action ne l'intéresse plus. Il veut désormais se consacrer à la méditation afin que cette pratique lui ouvre un nouvel horizon, une nouvelle porte.
Il s'est pris trop de claques dans la vie, il ne veut plus recevoir d'autres gifles.
Il veut à présent choisir. ..l'élection lui parait pertinente, voire évidente! Mais pas l'élection politique, mais l'élection de son nouveau chemin de vie.
Pour cela, pas besoin de scooter ou autres modernités inutiles. Encore moins d'un chronomètre. Il se réveille enfin!
Sa vraie vie l'attend et personne ne viendra désormais piquer dans son assiette.
Toutes ses journées lui appartiendront jusqu'au petit matin...
Ziza
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Il m’a posé un lapin, un lapin blanc d’hiver. Carnaval, je
m’étais déguisée en Pompadour pour lui plaire, ses fantasmes historiques m’ont
toujours amusée…
Le grand blues ou le grand bleu, plus d’action… Venise, je
cherche un gondolier qui m’ouvrira la porte d’une nuit d’ivresse sur la lagune
pleine de monde. Après cette gifle, je ne suis pas prête d’aller à son élection,
les hommes politiques, il faut les fuir même en scooter !
Je déambule dans les rues sans chronomètre, j’ai le temps
maintenant, demain je me réveillerai au Danieli dans les bras du portier
musclé, lui au moins ne cassera pas d’assiettes comme l’autre excité. La
journée sera claire, les cotillons de la veille parsèmeront les rues désertes.
Patricia
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Le lapin sort de son terrier.
Bon, qu’est-ce qu’il me faut ? 3 kg de carottes, 2 billets
pour le carnaval de Lapinland. Faut que j’aille chez Odette rue de Pompadour.
Elle pourra me confectionner un habit pour le carnaval. Cette année, j’aimerais
être déguisé en renard. Zut, je me suis cogné, j’ai un grand bleu sur ma
cheville. Bon restons dans l’action.
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Ah salut Odette. Tu vas bien ?
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Tu as deux minutes pour partir d’ici…
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Attend, je t’explique…
- Éloigne-toi de la porte.
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Mais pourquoi ?
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Parce que je n’aime pas les lapins. Les lapins, ils
sont bêtes.
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Salope... Tiens prend cette gifle.
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Et ben, aux prochaines élections, je ne voterai pas
pour toi.
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Je m’en fiche, je n’ai pas besoin de toi pour faire de
la politique.
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Bon j’emprunte ton scooter.
Et hop, me voilà à Venise. Mon chronomètre me dit qu’il me
reste deux minutes pour prendre le vaporetto. Ah, la place Saint Marc. Je suis
lessivé. Je suis réveillé par les cloches de la basilique. Une assiette de pâte
à l’artichaut, un verre de limoncello et hop, c’est le carnaval. Ben non, je ne
suis pas déguisé en lapin, je suis un lapin. Quoi, c’est moi qui ai le costume
le plus original…
Philippe