dimanche 8 octobre 2017

Deux contraintes imposées par deux participants


Raconter la pluie qui tombe dans un mouvement crescendo en utilisant les mots « claquettes », « pluie », « ergonomique », « gifle », « bus », « parking », « cœur ».
15 minutes.



Il pleut dans le ciel comme il pleut sur mon cœur. Ou comme disait Verlaine, il pleut dans mon cœur comme il pleut sur la ville. De longues larmes goûtent et coulent sous mes pieds qui jouent aux claquettes en évitant les flaques. Je marche à travers la ville désertée, avançant contre le vent qui me gifle le visage. Les volets, les portes claquent, les branches des arbres embrassent le sol, ce sont maintenant des bourrasques qui m’entraînent et m’enveloppent. Je devrais peut-être m’abriter, le vent s’engouffre dans mon manteau et manque de m’emporter. La pluie se déchaîne, des trombes d’eau se déversent du ciel et la rue régurgite un filet devenu rivière qui s’écoule au milieu des bus presque à l’arrêt. Je ne peux plus avancer, je crains de m’envoler. Je m’abrite sous un porche, me tenant à la grille pour ne pas perdre l’équilibre. Des cartons, des feuilles, des objets arrachés, pour certains ergonomiques, traversent les airs. Le ciel crache des eaux denses et drues qui rivalisent de colère avec les éclairs qui intenses et menaçants strient ça et là les nuages noirs. En un instant tout s’est obscurci, il fait nuit à midi. Et puis soudain, par instants le jour, qui me donne à voir le parking où tremblent arbres et voitures. Je me cramponne à la grille. Le tonnerre tonne si fort qu’il semble me gronder pour certaine faute commise, m’assenant quelque terrible justice divine. Autour de moi tournoiement et furie, la tempête se déchaîne. Tout est chaos et hystérie. Et mon cœur toujours crie.

Agnès-Sarah


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La pluie tombe en fines gouttelettes sur le parking où le bus stationne en attendant les enfants de la classe de CM2 qui partent en classe verte en Bourgogne pour 10 jours avec leur institutrice chérie, la douce Chloé. La petite troupe joyeuse arrive en faisant des claquettes dans les flaques d'eau. Haut les cœurs!
La pluie s'intensifie peu à peu ...mais cela ne semble nullement gêner les enfants qui continuent leurs blagues mais, en revanche, la maîtresse est de moins en moins détendue alors que les minutes s'écoulent sans qu'apparaisse le conducteur du bus.
Ce sont à présent des trombes d'eau qui s'abattent sur le goudron brillant comme un miroir... Tout le monde est trempé jusqu'aux os! Plus personne ne s'amuse à présent. La légèreté et la joie des enfants ont laissé la place à l'énervement général qui a gagné l'ensemble des rangs. Une dispute éclate entre deux garnements ...et une malencontreuse gifle atterrit sur la joue de l'un deux ...La dispute est communicative et tout le groupe est en ébullition. C'est à ce moment-là que l'orage éclate! Les éclairs déchirent le ciel et c'est le déluge ...quand  arrive enfin le conducteur du bus ruisselant et tout essoufflé car ses 50 printemps ne lui permettent plus de courir comme avant!
Il ouvre la porte du bus "grand tourisme" et les enfants se ruent à l'intérieur en se délaissant de leurs vestes trempées et vont s'installer confortablement dans les sièges accueillants et ergonomiques conçus pour des longs circuits touristiques ...le voyage promet ainsi d'être calme mais le séjour mouvementé!

Ziza


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La pluie chaude et douce coule sur mes bras nus, quelle chance d’être sous les tropiques. J’arriverai à temps à mon rendez-vous.
J’accélère mon pas, les gouttes deviennent plus lourdes et s’écrasent comme des flaques sur mes bras nus.
Un bus sort du parking en trombe et m’éclabousse, trempée de la tête aux pieds, je précipite mon pas, les gens courent autour de moi, le ciel s’est assombri, il fait déjà nuit.
Le vent se lève, la violence des rafales et la pluie qui se déchaîne gifle mes bras nus, j’ai mal, je ne vois plus rien, j’avance difficilement dans le cœur de la ville envahi par des torrents d’eau et de déchets qui frappent nos jambes et nous font perdre l’équilibre.

Mes claquettes quittent mes pieds, je les regarde s’éloigner,  rapidement emportées par le courant. Je glisse, tombe et me rattrape au siège ergonomique d’un abri bus, mais pour combien de temps ?

Patricia


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Je me lance, il faut que je sorte.
J’ai trente ans et je vais apprendre à danser. Aurélie m’a donné l’adresse d’un cours qui accepte les débutants. Il faut que je sois à Châtelet pour 14h30. J’ai bien pris mon sac et mes claquettes. Je sors de l’immeuble, je regarde le ciel.
Mince, il se couvre et je n’ai pas pris de manteau.
14h15, je n’ai pas le temps de remonter. Pourquoi faut-il toujours que je parte en oubliant un truc ?
Je cours vers mon arrêt de bus, je saute à son bord. Il est bondé mais la chance me sourit. Il reste une petite place sur le repose fesse ergonomique. C’est sans doute un bon présage pour ce saut dans l’inconnu. Un cours de danse, franchement…
A trente ans, on saute en parachute, on n’apprend pas les claquettes ? Il faut vraiment que j’arrête de côtoyer des filles…
Tiens, les vitres sont constellées de petites gouttes, le temps va sans doute se gâter…
Nous y voilà, ce premier cours !
Bon, c’est fini.
Je me suis pris la gifle de ma vie, je ne suis vraiment pas fait pour la danse. Cependant, je crois que je suis amoureux. Cette fille au premier rang était tout simplement parfaite. Décidément, cette pluie ne fait qu’empirer ! Je cours pour traverser le parking. Le ciel commence à gronder. J’aperçois l’arrêt de bus qui bien sûr n’est pas couvert.
Mon cœur s’arrête, je la vois. J’attends à ses côtés, je suis pétrifié. L’orage tonne, la pluie redouble. J’entends sa voix, le temps s’immobilise : « Vous étiez au cours ? Vous voulez partager mon parapluie ? ».


Juan