Chacun écrit sur trois
petits papiers distincts le nom d’un personnage, d’un objet, et d’un défaut. On
plie les papiers et on les mélange, puis chacun tire au sort un papier dans
chacun des tas représentant une catégorie et à partir desquels il va raconter
une histoire.
12 minutes.
Marguerite
Duras-harpe-bavard
Pauvre Marguerite noyée dans une
enfance perdue, elle a tout de suite choppé Duras. Bien trop tôt. Comme la
mouche qu’elle regardait se poser sur le ciment frais, elle s’est vu s’engluer
dans le chemin de sa vie. Telle Lol.V. stein, dans le ravissement, elle a voulu
occulter le drame de sa vie en écrivant, en s’exprimant et en vivant. Parfait,
elle écrit bien, est bavarde et aime se mettre en scène. « Le camion » c’est le vide de sa
vie sur fond de harpe. La mouche s’est posée où il ne fallait pas. Elle avait
les pattes prises dans le ciment et s’est vu mourir. Duras a mal posé la patte
de son existence. Elle s’est vu vieillir puis mourir. Nous l’avons observé au
dépend de ses écrits.
La mouche est morte. Vive Duras.
Avantscene
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Jeanne d'Arc - jalouse - cafetière électrique
Je suis Jeanne d'Arc. Femme rebelle au grand cœur, mais j'ai un gros défaut : je suis extrêmement jalouse! Une jalousie excessive. Presque maladive. La conséquence de ce trait de personnalité très marqué, c'est que j'ai fait fuir tous les hommes qui se sont approchés de moi. Aucun n'a résisté à cette jalousie dévastatrice. Ils ont tous fini par partir. Par abandonner. Par rendre les armes.
Ainsi, j'ai très vite compris que je n'aurais pas une vie classique de femme comme mes contemporaines de l'époque, à savoir femme à la chaumière! Un destin auquel le sexe dit faible ne pouvait échapper lorsque l'on naissait petite paysanne dans le royaume dominé par les hommes.
C'est ainsi que j'ai choisi ma vie de pucelle d'Orléans en renonçant aux hommes et en épousant les armes. Non je n'aurais pas un destin ordinaire comme le Moyen-Age l'imposait naturellement aux femmes : je serai Jeanne d'Arc, et j'aurai un destin extraordinaire en abandonnant ma cafetière électrique pour vivre ma vie de guerrière en combattant les utilisateurs de théière, les Anglais! ...
Ziza
Mansart - pipe - ivrogne
Jules s'arrêta pour contempler bouche bée, l'oeuvre dont il était l'auteur. Sa pipe tomba sur le sol et se brisa. Quelque chose clochait, il pencha la tête pour redresser la Tour qui lui faisait face. Bigre, bougre, mon dieu combien de verres avait-il bu? Sa mémoire lui jouait des tours. Jules ne se considérait pas comme un ivrogne, mais la structure qui penchait, ne mentait pas. Cette fois, il était aller trop loin. Il se pinça si fort, que les larmes lui montèrent aux yeux. La tour restait invariablement penchée. Comment faire pour corriger le tir? Il se gratta la tête, pour faire surgir une idée qui le sauverait de cette impasse.
Tina
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Mansart - pipe - ivrogne
Jules s'arrêta pour contempler bouche bée, l'oeuvre dont il était l'auteur. Sa pipe tomba sur le sol et se brisa. Quelque chose clochait, il pencha la tête pour redresser la Tour qui lui faisait face. Bigre, bougre, mon dieu combien de verres avait-il bu? Sa mémoire lui jouait des tours. Jules ne se considérait pas comme un ivrogne, mais la structure qui penchait, ne mentait pas. Cette fois, il était aller trop loin. Il se pinça si fort, que les larmes lui montèrent aux yeux. La tour restait invariablement penchée. Comment faire pour corriger le tir? Il se gratta la tête, pour faire surgir une idée qui le sauverait de cette impasse.
Tina
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Apollinaire - trucmuche - voleur
Sur le pont Mirabeau Apollinaire regarde couler la Seine. Le cœur gros, l’esprit lourd, il rêve à
son amour perdu.
« Marie, Marie
Où donc es-tu partie ?
Ma belle, ma douce, mon adorée
Pourquoi m’as-tu donc quitté ?
Moi qui t’aimais, moi qui t’offrais
Mon cœur dans toute sa pureté
Dans toute sa vérité.
L’eau emporte mon chagrin, et mes larmes se mêlent à l’eau
verdâtre
Sur laquelle voguent alanguies les péniches
Où se tiennent main dans la main
Les amoureux qui à l’amour croient toujours. »
Une femme passe, la jupe se balançant sur le galbe d’une
jambe parfaite, et les cheveux élégamment relevés en chignon. Guillaume, l’âme
en peine, reste pétrifié, le regard fixé sur ce cou blanc où flotte légère
comme l’air une délicate écharpe bleue comme le ciel, ce même bleu que Marie
portait si souvent pour couvrir sa peau laiteuse, douce et frileuse. Elle la
couvrait toujours de châles, de pashminas et autres trucmuches qui révélaient
la clarté de ses yeux et lui chaviraient le cœur. A cette vue le sombre poète
sent son âme se déchirer, et dans un geste désespéré il arrache à ce cou long
et effilé ce tissu venu lui rappeler celle qui ne reviendra jamais. Et pour
garder toujours au creux de lui, un peu d’elle, son parfum, son souvenir, il
s’enfuit à toute volée avec son trésor dérobé, jusqu'au fond de l’éternité.
Agnès-Sarah
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Coluche - Épluche légumes - Colérique
Il se nommait Radomilisévitch, mais à cause d'une certaine ressemblance, ses amis l'avaient surnommé Coluche ;bien qu'en fait il ne connut pas très bien l’œuvre de ce comique français. Le fait d'avoir été surnommé ainsi les dispensait de devoir mémoriser un nom aussi compliqué. Donc appelons le Coluche. Il était en train de se préparer une soupe de légumes et tenait dans sa main un épluche légumes, un outil professionnel de grande qualité fait dans le meilleur acier et parfaitement protégé de la corrosion. Le fait de préparer des légumes le détendait car il était d'un naturel un peu colérique, mais même si ses colères survenaient rapidement elles s'estompaient d'autant plus vite avec la même rapidité. Il regardait par la fenêtre de la cuisine, tenant son épluche légumes dans sa main gauche (car il était gaucher) le brandissant comme un instrument de châtiment divin. Sans doute allait – il se mettre à exorciser les légumes présents dans l'évier. La soupe serait bonne ce soir.
Gérard