dimanche 28 janvier 2018

Développer un fait divers rédigé par Fénéon (tiré au hasard)


Escortée d’un vieillard, Jeanne Ostende, 18 ans a été poignardée dans une caserne de Toulon par le matelot, Victor Michel. 
Temps d'écriture : 15 minutes

Jeanne Ostende se rendit au rendez-vous proposé par son amoureux, Victor Michel. Il lui avait demandé de venir seule avec la somme que lui aurait rapporté la vente de la chevalière qu’elle devait dérober à son vieux loueur.

Tout c’était bien passé au début, elle avait attendu le sommeil de son propriétaire pour subtiliser l’objet qu’il plaçait chaque nuit sur sa table de chevet. Puis elle s’était rendue immédiatement au port où un receleur lui avait remis quelques billets, puis elle avait sauté dans le bus qui la menait à la caserne. A sa grande surprise, le vieux, son imper usé jeté sur son pyjama, grimpa à son tour à sa suite. Il l’obligea à le mener au lieu de rendez-vous sous peine de la coller dehors et de la livrer aux flics. Victor, le matelot, n’apprécia pas cette compagnie, l’accusa de traitrise et la poignarda. La jeune fille s’écroula morte sur et sous le coup.

Le vieux qui n’en demandait pas tant, récupéra l’argent et trouva une nouvelle locataire.

Avantscene


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« Calen, détenu à la prison de Thouars, que venait de manquer une sentinelle, s’est tué en tombant sur des rochers. Il s’évadait. »
Calen regardait autour de lui, haletant : le grand mur, derrière lequel il venait de passer sept ans, dressait sa masse grise. Calen, un petit homme brun un peu dégarni, suait dans sa tenue réglementaire. Il avait profité d’une chance inouïe, l’arme du gardien qui s’était enrayée. Pourquoi, comment ? Celui-ci aurait été bien en peine de le dire. Sous le soleil qui écrasait Thouars et sa prison, il fouillait des yeux les fourrés. Calen le rescapé demeurait invisible. Il s’était tapi dans les broussailles et attendait, l’œil fixé sur la petite silhouette en bleu sombre, là-haut.

Un long moment s’écoula. Immobilité de part et d’autre. Puis, ce fut la relève et le nouveau garde tourna les talons pour marcher vers l’autre extrémité du chemin de ronde. Exultant, Calen déplia ses jambes, se leva tout à fait et entreprit de bondir de rocher en rocher vers…la liberté. Un rocher, un autre, Calen faisait de grands moulinets avec ses bras pour garder l’équilibre. Mais le soleil en face, ce n’est pas l’idéal, vraiment pas. Calen glissa et dégringola de huit mètres sur les rochers en contrebas. Il y laissa sa peau de voleur à la tire, ses dernières illusions et la pensée de sa femme Solange, qui l’attendait dans un petit hôtel des environs.

Fantasio

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Thème : Deux kilomètres de câbles téléphoniques venaient d'être coupés entre Arcueil et Bourg la Reine et quatre autres à Pavillon sous bois.

Une panne d’électricité se généralisait à l'ensemble des quartiers périphériques . Les maisons colorées et pimpantes , ordinairement vivement éclairées, se trouvaient plongées dans une semi obscurité vespérale car le jour déclinait rapidement. Chacun des résidents se demandait ce qui avait bien pu se produire, mais tous l'ignoraient car la panne d électricité, outre de priver les habitants de lumière, leur avait aussi en grande partie ôté leur droit à l'information ; ainsi, la nuit devenait progressivement totale muant les charmants pavillons et leurs habitants en silhouettes fantomatiques auxquelles seule la lumières des chandelles tendait à redonner un peu de vie. Si chacun avait eu connaissance des faits , ce qui en ces temps de coupure de courant se révélait impossible, il aurait été possible de se faire une meilleure idée du fait, sachant que deux kilomètres de fils téléphoniques venaient d'être coupés entre Arcueil et Bourg la Reine et quatre autres à Pavillon sous bois. Sans doute, les auteurs, dans leur infinie négligence avaient-ils également coupés les câbles du réseau d'éclairage, ainsi chacun resterait-il dans le noir sans jamais communiquer autrement qu'avec son plus proche voisin, qu'il s'entende ou non avec lui. C'était vraiment une drôle de journée, toute une population se trouvait projetée dans l'inconnu sans même savoir ni où ni comment s'orienter, et encore doit on préciser qu'il n'y avait aucune inondation, on imagine , non sans effroi, comment se serait déroulée la nuit de gens malheureux , privés de tout et les pieds dans une eau boueuse et glaciale. Mais enfin les services auraient rétabli le courant faute d'avoir pu récupérer les câbles volés et d'avoir pu mettre la main sur les voleurs.


Gérard