dimanche 14 janvier 2018

La galette en acrostiche

Temps d'écriture : 12+3 minutes

Giraudet
Arthur
Localise
Et
Tue
Témons
Expansifs

M. Rollin, dans son superbe loft près de Bastille, tournait et retournait la carte de visite entre ses doigts. Il avait des affaires, oui, certaines douteuses et il aurait pu, à l’occasion, faire appel à ce tueur à gages, ce…Giraudet. La femme de chambre philippine attendait, concentrée : c’est que son ménage ne se finirait pas tout seul ! M. Rollin fit un double geste, un pour signaler à Léona qu’elle pouvait disposer et, deux,  pour qu’elle introduise le visiteur.

L’entretien fut bref : quand Arthur Giraudet entra, blouson, front bas et regard vif, hop, il sortit une arme de sa poche et revolvérisa proprement son hôte. S’écroulant dans un fracas de verre sur la table basse, M. Rollin eut le temps de réaliser ceci : il était bel et bien témoin dans un dossier en cours, une affaire de pots-de-vin. La routine.

Fantasio


______________________________________________________


Grimpe
A
L’échelle
Et
Tire-
Toi
En Australie !


- Grimpe à l’échelle et tire-toi en Australie !
- Je peux pas te laisser là.
- A deux c’est trop risqué. On retrouvera pas de sitôt une occasion comme celle-là. T’inquiète. Allez dépêche-toi, si besoin je ferai diversion.
- Je te revaudrai ça. Je te promets que si je m’en sors, je te laisserai pas croupir là.
Jean esquissa un sourire qu’il voulait paraître confiant et serein, mais ses yeux brillants trahissaient cette vérité qu’il savait inéluctable : c’était la dernière fois qu’il voyait son ami, son compère, son frère d’armes, de cœur et de combat.
Voilà cinq ans qu’ils s’étaient engagés dans le mouvement. Jean et Pablo s’étaient rencontrés à la fac. Jean était un rebelle assumé, une grande gueule, un rouge déjà, qui aimait la transgression, par goût de l’interdit certes, mais avant tout parce qu’il défendait des convictions profondes. Il prit rapidement sous son aile Pablo, plus réservé mais non moins courageux, qui voyait en lui un maître et un grand frère.
Vite inséparables, ils s’opposèrent d’abord à l’autorité universitaire, leur charisme –surtout celui de Jean- ramenant à leur cause nombre d’étudiants qui voulaient réformer le système et construire un monde nouveau.
Mais Jean voyait grand : le mouvement prit de l’ampleur et devint politique. Manifestations, discours publics, actions d’envergure, s’ils se contentaient d’agacer au départ, ils devinrent dangereux. On chercha à les dissuader. Tentatives de manipulation, menaces, puis coups, agressions. Le ton monta.
Eux aussi le durcirent, puis s’armèrent.


Désormais, ils ne cherchaient plus seulement à dénoncer un système politique et social injuste et autoritaire, ils voulaient engendrer une révolution.
Agnès-Sarah