Ecrire un texte avec une phrase de début (Au matin reçu deux lettres) et une phrase de fin (Il est logique que tout ait une fin, quelquefois même en queue de poisson).
Temps d'écriture : 15 minutes
14/01 – Au matin reçu deux lettres : une de mon cousin Paul, m’annonçant son passage à Paris et une autre que je n’ai pas ouverte, croyant avoir reconnu l’écriture.
Temps d'écriture : 15 minutes
14/01 – Au matin reçu deux lettres : une de mon cousin Paul, m’annonçant son passage à Paris et une autre que je n’ai pas ouverte, croyant avoir reconnu l’écriture.
Suis
allé à 17h gare de Lyon, attendre Paul. Des gens, des cris, train en retard,
enfin Paul est arrivé. Morose, vêtu de sombre, une valise à la main. N’a pas
changé, habite toujours Montlhéry. M’a entraîné dans une brasserie pour boire,
moi une bière, lui un café. Ne le supporte vraiment que parce que c’est mon
cousin. En plus, il postillonne en racontant sa vie, ses problèmes de couple
avec Eliane, ses déboires comme assureur-conseil. N’avons jamais été très
proches, même enfants.
A
un moment, s’est absenté. En ai profité pour régler la note. Pui, me fouillant,
ai trouvé l’autre lettre. Une lettre d’Eliane, expliquant qu’avec Paul tout
était fini, qu’elle profitait de son absence pour déménager, qu’elle me
chargeait de le lui expliquer. Ai trouvé ça gonflé. Ai bien réfléchi.
Finalement, sans attendre le retour de Paul, a laissé la lettre su la table,
coincée sous la tasse. Et suis parti.Il est logique que tout ait une fin, quelquefois même en queue de poisson.
Fantasio
14 janvier - Au matin reçu deux lettres. C'est souvent le cas, les lettres de Jeanne et de Marie arrivent généralement en même temps, quelque soient les conditions d'acheminement du courrier postal en ces temps troublés ...On peut rester des semaines sans que rien n'arrive jusqu'au Front. Aucune nouvelle de nos proches pendant de longs laps de temps ...et puis un jour des sacs entiers de courrier arrivent un beau matin et nous sont distribuées à l'aube dès notre réveil, comme c'est habituellement le cas.
Quelques soient les aléas de la Poste en cette période de guerre, les lettres de Marie et de Jeanne arrivent toujours en même temps ...Quelle étrange coïncidence! Pourtant, ce n'est que le fruit du hasard, car ces lettres ne viennent pas du même village, et leurs auteurs ne se connaissent pas ...et elles ignorent toutes deux la situation dans laquelle je me suis empêtré...
Effectivement, j'ai rencontré ces deux jeunes femmes à quelques jours d'intervalle, quelques semaines avant que la guerre n'éclate. Et je suis tombé fou d'amour des deux demoiselles. Comme ça. Instantanément. De la brune Jeanne au rire cristallin et aux yeux étoilés et de la blonde Marie éternellement en questionnement avec elle elle-même et le monde.
Je n'ai pu choisir. Ce sont elles qui m'ont cueilli.
J'ai vécu les plus belles semaines de ma vie à papillonner de l'une à l'autre avec toute l'insouciance et l'intensité de nos 20 ans.On sentait que la guerre allait éclater , alors le climat était à l'excès ...
Lorsque la guerre a été déclarée, j'ai été réquisitionné très rapidement sur le Front de Verdun ...et la correspondance avec ces deux jeunes femmes a démarré. Les lettres se sont enflammées au fil des semaines ...la peur de la mort, le manque et l'absence ont décuplé les sentiments de part et d'autre ...Je me suis laissé porter par ces deux amours si réconfortant dans cette tranchée de boue que je ne quittais pas. J'ai promis à la brune comme à la blonde, le mariage à la fin de la guerre. J'étais persuadé que je ne reviendrai jamais chez moi. Mes promesses me semblaient bien légères...
Nous étions à présent le 14 janvier 1918, on sentait tous que la guerre touchait à sa fin. Tous mes camarades ne pensaient qu'à ça, au retour dans leurs familles adorées! Je devais me rendre à l'évidence : mon retour était inévitable, à moins qu'une balle perdue n'aille se nicher au creux de mon cœur de lâche. Dans ces derniers mois d'affrontement avec l'ennemi, je commis toutes les imprudences possibles pour mourir sur le champ de bataille. J'étais maudit : la mort ne voulait pas de moi. Je regrettais d'être en vie, d'avoir survécu. Il m'était à présent inévitable de rentrer ...
Il est logique que tout ait une fin, quelquefois même en queue de poisson.
Ziza
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14 janvier - Au matin reçu deux lettres. C'est souvent le cas, les lettres de Jeanne et de Marie arrivent généralement en même temps, quelque soient les conditions d'acheminement du courrier postal en ces temps troublés ...On peut rester des semaines sans que rien n'arrive jusqu'au Front. Aucune nouvelle de nos proches pendant de longs laps de temps ...et puis un jour des sacs entiers de courrier arrivent un beau matin et nous sont distribuées à l'aube dès notre réveil, comme c'est habituellement le cas.
Quelques soient les aléas de la Poste en cette période de guerre, les lettres de Marie et de Jeanne arrivent toujours en même temps ...Quelle étrange coïncidence! Pourtant, ce n'est que le fruit du hasard, car ces lettres ne viennent pas du même village, et leurs auteurs ne se connaissent pas ...et elles ignorent toutes deux la situation dans laquelle je me suis empêtré...
Effectivement, j'ai rencontré ces deux jeunes femmes à quelques jours d'intervalle, quelques semaines avant que la guerre n'éclate. Et je suis tombé fou d'amour des deux demoiselles. Comme ça. Instantanément. De la brune Jeanne au rire cristallin et aux yeux étoilés et de la blonde Marie éternellement en questionnement avec elle elle-même et le monde.
Je n'ai pu choisir. Ce sont elles qui m'ont cueilli.
J'ai vécu les plus belles semaines de ma vie à papillonner de l'une à l'autre avec toute l'insouciance et l'intensité de nos 20 ans.On sentait que la guerre allait éclater , alors le climat était à l'excès ...
Lorsque la guerre a été déclarée, j'ai été réquisitionné très rapidement sur le Front de Verdun ...et la correspondance avec ces deux jeunes femmes a démarré. Les lettres se sont enflammées au fil des semaines ...la peur de la mort, le manque et l'absence ont décuplé les sentiments de part et d'autre ...Je me suis laissé porter par ces deux amours si réconfortant dans cette tranchée de boue que je ne quittais pas. J'ai promis à la brune comme à la blonde, le mariage à la fin de la guerre. J'étais persuadé que je ne reviendrai jamais chez moi. Mes promesses me semblaient bien légères...
Nous étions à présent le 14 janvier 1918, on sentait tous que la guerre touchait à sa fin. Tous mes camarades ne pensaient qu'à ça, au retour dans leurs familles adorées! Je devais me rendre à l'évidence : mon retour était inévitable, à moins qu'une balle perdue n'aille se nicher au creux de mon cœur de lâche. Dans ces derniers mois d'affrontement avec l'ennemi, je commis toutes les imprudences possibles pour mourir sur le champ de bataille. J'étais maudit : la mort ne voulait pas de moi. Je regrettais d'être en vie, d'avoir survécu. Il m'était à présent inévitable de rentrer ...
Il est logique que tout ait une fin, quelquefois même en queue de poisson.
Ziza
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14 janvier
Au réveil, reçu deux lettres.
Je fis durer le plaisir. Je décachetai la première en goûtant mon thé, et ne déroulai le papier qu’après avoir avalé la première tartine beurrée.
Joséphine, une jeune étudiante, m’y exprimait toute son admiration et l’inspiration que j’éveillais en elle. Elle louait mon courage, ma détermination sans faille, le caractère incisif et percutant de ma plume, et l’aplomb dont il m’a fallu faire preuve pour tenir bon face à ces assemblées d’hommes qui voulaient me faire taire, à ces campagnes médiatiques qui me traitaient de folle, de sorcière, de monstre, qui dénaturaient mes propos, mon combat, avant que celui-ci, bien plus tard, ne fut enfin presque unanimement reconnu et célébré.
Elle ignore combien de fois j’ai pleuré seule dans mon lit, combien de fois j’ai falsifié mon visage et travesti ma voix pour paraître confiante et affirmée, alors qu’intérieurement je tremblais, je doutais, j’étais terrifiée. Combien de fois j’ai failli tout abandonner.
J’attendis la fin de matinée avant d’ouvrir la seconde lettre, puis, n’y tenant plus, je la décachetai au coin de la cheminée. C’était de la réclame pour une nouvelle cuisine.
17 janvier
J’ai passé deux jours alitée. Une méchante bronchite qui m’a épuisée.
Aujourd’hui je me sens mieux. J’ai même pu écrire quelques lignes. J’aimerais terminer ce roman avant de m’en aller. Ce sera probablement le dernier.
19 janvier
Aujourd’hui on m’a informée que je recevrai un prix pour récompenser mon combat. Je suis officiellement invitée au Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Voilà bien longtemps que je n’ai reçu pareille distinction. Je suis touchée de ne pas être totalement oubliée, même si je doute que les journaux ne relaient l’information. La jeune génération ignore bien jusqu’à mon nom. Mais qu’importe, l’important est que le flambeau soit aujourd’hui repris, et j’ai désormais bon espoir pour l’avenir. Quant à moi, j’ai donné ce que j’ai pu. Je ne crois plus avoir grand-chose à apporter. Il est logique que tout ait une fin –quelquefois même en queue de poisson.
Agnès-Sarah