samedi 30 décembre 2017

Phrases prises au hasard du livre "Lyra et les oiseaux" de Pullman


Ecrire un texte avec une phrase de début (Dès que la porte de la chambre se fut refermée) et une phrase de fin (ils découvrirent les restes d’une tarte aux pommes sur le plan de travail en marbre).
Temps d'écriture : 15 minutes

Dès que la porte de la chambre se fut refermée, elle soupira d’aise. Enfin elle en avait fini de ces explications plus ou moins difficiles. Partir d’ici, quitter cet endroit où plus rien ne la retenait, surtout pas cet homme en qui elle ne croyait plus.
Sylvia alla chercher une valise et s’apprêtait à la remplir de tous ses effets et de quelques souvenirs lorsqu’elle entendit un claquement, comme un lasso que l’on frappe au sol. Puis le silence, un silence pesant, emprunt de moiteur. Son corps se raidit, aux aguets comme un animal pris au piège. Elle le savait violent, fou parfois, une goutte de sueur perla à sa tempe. Il s’approchait, du salon où elle se trouvait elle pourrait rejoindre la porte de sortie, il fallait rejoindre le couloir, possible en quelques enjambées, et fuir. Ses pieds restaient collés au sol, refusaient de bouger. Un autre claquement raisonna à ses oreilles, terrifiée, Sylvia voulu avancer, trop tard, le lasso lancé à toute volée l’enserra à la gorge, elle se débattit, il tira plus fort, sa vue se troubla, plus d’air, son corps se ramollit et s’effondra sur le carrelage froid.
La police la trouva sans vie dans la grande maison silencieuse, dans la cuisine, ils découvrirent les restes d’une tarte aux pommes sur le plan de travail en marbre.



Patricia


_____________________________________________________________________


Dès que la porte de la chambre se fut refermée, les enfants se mirent à rire un peu bêtement car ils ne se connaissaient guère en fait. Ils se voyaient ponctuellement lorsque leurs parents respectifs (de vieux amis de fac) décidaient de se retrouver une ou deux fois l'an pour une occasion un peu particulière (la fin de l'année scolaire ou pour fêter un réveillon). 

Ce jour-là, c'était le départ de l'une des familles en province. Les retrouvailles des enfants étaient toujours un peu froides et maladroites dans les premiers instants contrairement aux retrouvailles de leurs parents qui se faisaient avec beaucoup d'effusions (des parents qui s'étaient connus lorsqu'ils étaient étudiants et dont l'amitié durait toujours, vingt ans plus tard!).
Et puis, petit à petit, les enfants retrouvaient leur complicité spontanée dont seuls les jeunes enfants sont capables. Les petites filles s'amusaient avec leurs poupées et les tenues de ces dernières qu'elles s'échangeaient en poussant des petits cris de plaisir.
Les garçons s'évertuaient à se tirer dessus avec le dernier nerf reçu à Noël, ce qui mettait forcément une belle pagaille dans la chambre! ...
Les plus grands, filles et garçons pour la plupart au collège, mettaient toujours un peu plus de temps à se reconnecter les uns aux autres en se déconnectant de leur portable.
Au final, ils passaient tous ensemble un chouette après-midi dans cette chambre d'enfant en désordre quand ils se décidaient à la quitter poussés par la faim pour rejoindre leurs parents. A l'étage du dessous, leurs parents étaient tous confortablement installés dans le grand salon, occupés à se raconter leurs péripéties d'antan ou leurs tracasseries actuelles ...mais il n'y avait plus rien à grignoter car leurs parents avaient tous mangé! Les enfants se glissèrent discrètement dans la cuisine, mais ils ne découvrirent que les restes d'une tarte aux pommes oubliée sur le plan de travail en marbre ...


Ziza


____________________________________________________________


Dès que la porte de la chambre se fut refermée, l’inspecteur Holdman 
éclata en sanglots. Les profondes rides de son visage prirent la forme 

des rivières de son Colorado natal au printemps, lorsque les sommets 

enneigés pleuraient le départ de l’hiver. Il s’assit sur le lit à 

demi-fait. Le store partiellement ouvert laissait passer un filet de 

lumière qui ne parvenait pas à éclairer son visage devenu sombre. Cette 

affaire, il savait que c’était la dernière de sa longue carrière. Durant 

ses 52 ans de service, il avait vu et accompagné tous les changements de 

cette société. Pourtant aujourd’hui, elle lui semblait étrangère et il 
avait commis l’irréparable, le téléphone allait sonner, il le savait. 
Cette vie au service de la justice ne le protégerait pas. Qu’allait 
penser sa famille, ses collègues. Tout allait s’effondrer. Ce meurtrier, 
il l’avait déjà arrêté il y a vingt ans et il avait recommencé. Comment 
cette justice à laquelle il croyait tant avait pu le laisser sortir. 
Dans un profond silence, il prit son arme. Il avait pris soin de soigner 
son dernier repas. Aujourd’hui, c’était lui le condamné, son monde avait 
irrémédiablement basculé. La détonation retentit, un chien se mit à 
aboyer alerté par le bruit. En moins d’une heure, les sirènes de police. 
Ils découvrirent les restes d’une tarte aux pommes sur le plan de 
travail en marbre.

Juan


_________________________________________________________________


Dès que la porte de la chambre se fut refermée, il se mit à considérer d'un œil indifférent son chambranle fait d'un bois vernis à l'aspect sombre qui donnait , avec l'éclairage en lumière atténuée, à l'ensemble de la pièce une ambiance douce et calme. Bientôt elle allait le rejoindre , alors ils pourraient envisager ce geste qui marquerait à la fois l'apothéose et la finalité de cette occasion si spectaculaire qui allait se dérouler d'ici un moment. Ils ne parleraient pas , ce serait inutile, tout serait fait d'un seul jet , aucune rature, aucun repentir ne viendrait troubles la plénitude d'un geste si ultime , si définitif, mais si parfait dans sa réalisation. Elle le regarderait intensément , il en ferait tout autant ; aucune parole ne serai nécessaire, juste un seul élan commun et rien d'autre. Il entendit alors sonner , c'était elle, semblable à une héroïne d'un polar de Raymond Chandler filmé en noir et blanc, dans cette ambiance épaisse au moment où l'on en arrive à la fin de l'histoire, quand tout se termine au bout de la route, lorsque chacun fume la dernière cigarette. Ils s'avancèrent alors tous deux vers la fenêtre qu'ils ouvrirent en humant l'air frais de la nuit, en respirant les odeurs de la ville pour la dernière fois. Il ne restait plus alors qu'à accomplir le geste ultime.... Quelques heures après, ce fut la police qui se présenta à la réception de l'hôtel. On avait trouvé les deux cadavres d'un couple et lorsqu'ils se rendirent à la chambre après en avoir forcé la porte , avec la fenêtre grande ouverte, ils découvrirent les restes d'une tarte aux pommes sur le plan de travail en marbre.


Gérard



____________________________________________________________



Dès que la porte de la chambre se fut refermée, Alicia se retourna dans le lit et sanglota. Son cœur était lourd, elle se sentait seule et perdue. Elle essayait en vain de trouver une issue et d’exprimer son mal-être à Jean, mais lui, toujours plus fermé, en venait à lui reprocher qui elle était. « Il ne m’aime plus », pleurait-elle amèrement. Plus rien de ce que je suis ne lui plaît.
Après deux longues heures de cet état d’abattement, elle décida de se ressaisir. Elle ne voulait plus être une victime de ses blessures anciennes. Jean n’était pas capable de l’accueillir comme elle était, mais elle, décidait de le faire. Elle avait besoin de se faire du bien, de se recentrer.
Elle alla donc au spa et prit la formule Maxi-Total Eden, la formule complète. Elle pleura encore, abondamment, seule dans le hammam au milieu des parfums d’agrumes, puis sous les mains du masseur qui caressaient doucement et profondément sa peau. Elle pleurait son bonheur perdu, sa légèreté envolée, sa jeunesse fanée, et les mains de Jean qui plus jamais ne la touchaient avec cette délicatesse et sensualité oubliées.
A la fin du massage, son regard croisa le miroir : « J’ai une tête effroyable », songea-t-elle. Les yeux bouffis, elle chercha dans son sac son nécessaire à maquillage afin de camoufler son nez rougi et ses yeux humides.
Puis elle s’assit dans le petit salon où on lui apporta un thé noir fumant. « Il faut que je me reprenne, que je sorte ce marasme ! » se répétait-elle pour se forcer à ne pas sombrer. Le masseur, un grand homme aux cheveux grisonnants et les yeux perçants vint la rejoindre. Un peu hésitant, il osa enfin lui adresser quelques mots :
- Madame, excusez-moi, permettez-moi de vous dire que vous m’avez beaucoup touchée. Votre beauté, votre sensibilité… Vraiment, prenez soin de vous. Vous le méritez.
Surprise et un peu gênée, mais touchée, Alicia sourit. Peu habituée à ce genre de compliment qui semblait poutant sincère, elle ne l’accueilla qu’à demi.
Alors qu’elle avait rassemblé ses affaires et s’engouffrait dans la rue passante, le masseur la rattrapa :
- Pardonnez-moi. Je suis désolé, je ne voudrais pas vous mettre mal à l’aise. Mais si jamais… Enfin, accepteriez-vous… ? Je termine dans une petite demi-heure, si vous êtes d’accord nous pourrions peut-être aller prendre un verre… »
Alicia sentit de nouveau les larmes lui monter aux yeux. Il y avait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie désirable. Elle eut la spontanéité de le lui dire. Il en fut charmé.


Il la reconduisit alors à l’intérieur du spa afin qu’elle puisse l’attendre au chaud et l’amena dans la petite cuisine où ils découvrirent les restes d’une tarte aux pommes sur le plan de travail en marbre.
Agnès-Sarah