Je me promenais au milieu des roses de mon jardin, embaumant
l’air de leur parfum délicat et suave. Je les observais et les caressais avec
une joie mêlée de fierté, prenant le temps de parler aux unes et aux autres
pour leur témoigner mon affection et mon admiration.
Alors que je
caressais un joli bourgeon jaune prêt à éclore, vint se poser sur ma main une
charmante coccinelle, chatouillant de ses menues pattes mes doigts. Quatre gros
pois noirs se dessinaient sur son dos bien rouge et bien rond. Je levai ma main
et soufflai délicatement sur elle afin de l’inviter à reprendre son vol, car il
paraît que l’on peut alors faire un vœu. Mais usant de toutes les forces que
lui prodiguaient ses minuscules pattes, à mes doigts elle restait bien
accrochée.
Elle remonta
le long de mon bras, provoquant sur son passage de légers frissons, puis évolua
sur ma poitrine, mon cou, et déterminée poursuivit son chemin sur mon visage.
Elle ne voulait plus me quitter. L’amitié qu’elle me portait était bien
manifeste et je lui offrais de bon cœur l’hospitalité qu’elle me réclamait.
Lorsqu’elle atteint ma chevelure, je
vis le bourgeon qui l’avait vu naître et me l’avait confiée me sourire. Je
connais bien mes fleurs et les aime de tout mon cœur, chacune d’elle possède sa
couleur et sa personnalité bien à elle, je devine leurs secrets, et leurs
envies qu’elles me confient silencieusement, mais jamais encore je n’avais vu
un tel sourire sur un bourgeon.
Je m’approchai de lui étonnée pour
mieux observer le prodige. C’est alors que je l’entendis me susurrer à
l’oreille : « La coccinelle te fait le cadeau du message que
tout va bientôt renaître dans ta vie. La coccinelle est symbole de
transformation et de renaissance. Il y a aujourd’hui pour toi un pois pour
chaque dimension : physique, émotionnel, intellectuel et spirituel.
Je restai ébahie.
La coccinelle revint se poser sur le
bout de ma main et de son perchoir m’observa. J’eus l’impression de plonger mon
regard au-dedans d’elle tandis qu’elle lisait au fond de mon âme. Je déposai
alors sur elle un doux baiser plein de gratitude et dans un battement d’ailes
plein de grâce elle me laissa à mon
ravissement, s’envolant porter des messages d’amour et d’espoir en d’autres
contrées.
Agnès Sarah
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En observant la coccinelle, on voit qu'elle est dotée d'un certain nombre de points noirs , ou qui nous semblent l'être, sur le fond rouge de sa carapace. Ce charmant insecte, après un déjeuner de pucerons en vient donc à éclairer le tableau d'ensemble de ses élytres colorées. On s'interroge sur le signifiant profond des dits points. Il y en a qui prétendent que les Bêtes à bon Dieu n'ont pas toujours le même nombre de points, que c'est une donnée variable, mais en fait qui le sait vraiment. En tout cas les charmantes bestioles sont une aubaine pour nos rosiers. Elles sont donc sensibles au parfum des fleurs et aiment être belles en harmonisant le rouge et le noir bien que rien ne vienne prouver qu'elles lisent Stendhal. Bon, cela ne me dit toujours pas ce qu'elles cherchent à signifier. On peut imaginer un subtil éclairage à base de lumière noire et qui exprimerait des sentiments ou encore des prises de position devant tel ou tel événement de la vie ; Ceci est une possibilité ; cependant aucune coccinelle n'en a jamais rien confié, car il semble qu'elles ne soient pas très loquaces , ce dont on ne s'étonnera guère.
Gérard
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Le petit
Antoine ne tenait plus en place ! Depuis que son malicieux grand-père lui
a conté comment les uraniens comptaient venir sur terre et qu’ils allaient nous
le faire savoir au moyen des petites tâches des coccinelles, il en avait perdu
l’appétit et voyait la petite bête à bon dieu partout ! Antoine était
précoce : il avait appris à lire presque tout seul et faisait la lecture à
ses camarades de petite section. Sa maîtresse en était enchantée !Seulement
voilà : l’alphabet des coccinelles était une matière autrement plus
élaborée que les hiéroglyphes qui firent la renommée de Champollion !
Après l’appétit,
le sommeil s’en alla aussi. Au petit matin, Martine, la maman d’Antoine,
passait l’éponge sur les dessins de tâches aux formes oblongues souvent
entourées d’équations différentielles qui achevaient de l’inquiéter.
Gérard, un
voisin entomologiste fut convié à donner son avis sur le mal d’Antoine, mais il
ne put que rester muet une journée entière à observer le petit garçon.
A l’heure du
goûter, Antoine repartit en souriant, une énorme part de tarte au chocolat en
main et s’écria : j’ai trouvé maman !! J’ai trouvé : les tâches
de coccinelle essaient de nous dire depuis 2 millions d’années que jamais elles
n’ont été des bêtes à bon dieu !
Ahmed